mercredi 5 octobre 2011

Quand t'es prof (remplaçant ou pas), le soir t'es trop crevé pour t'épiler les jambes

Oui, c'est un fait, je rentre chez moi vannée et quand j'arrive miraculeusement à m'auto-forcer à trainer mon derche à la gym, je remercie le ciel de m'avoir donné un mari aussi grandiose qui fait la vaisselle et la cuisine pendant que je sue comme un rat au club. Pour un récit de vie glamour, vous repasserez.
Le rattrapage du Petit Journal sur le site internet de Canal, tu oublies aussi parce-que évidemment t'as trop la tête dans le pâté pour supporter les effets d'un écran d'ordi sur ta migraine déjà bien installée. Alors ne parlons même pas du bruit que ferait un épilateur électrique!  

Aujourd'hui j'ai remplacé une prof de CP (First Grade) dans l'école où je devais travailler toute la semaine pour une autre classe de CP. En arrivant, j'ai découvert que j'avais une prof stagiaire avec moi et que donc j'allais pas avoir grand chose à faire. J'avoue que je l'ai un peu enviée, car ça m'a rappelé mon année de stage et ce que j'ai ressenti la première fois que l'un de mes maîtres de stage était absent et que je pouvais (enfin!) faire cours sans me sentir observée. Elle a donc tout géré, comme prévu (la prof titulaire m'avait laissé un mot), moi n'étant que la présence légale dans la salle. Certains penseront "Youpiii, je me repose" tandis que d'autres, comme moi, voient là la journée la plus ennuyeuse du monde. J'aime pas ne rien faire, surtout quand ça n'implique pas la possibilité de regarder des vidéos débiles de David Hasselhoff sur youtube.

L'école où j'étais est une bonne école, se trouvant dans une banlieue résidentielle de classe moyenne. Les élèves sont tous africain-américains, sauf pour quelques hispaniques, mais les profs sont en écrasante majorité blancs.
Point culturel : aux US, contrairement à la France et notamment Paris, plus tu t'éloignes du centre-ville, plus tu vas dans les coins aisés voire riches. Cela s'explique par l'absence de transport public (une plaie) et donc les gens qui ne peuvent pas s'offrir une voiture vivent en ville, de façon à pouvoir aller au travail à pied et/ou en prenant le rare bus qui circule dans deux ou trois rues. En contrepartie, les gens aux situations plus confortables ne veulent pas se mélanger aux "pauvres" et surtout ne veulent pas que ces "pauvres" puissent venir "ternir" leur jolie banlieue et décident donc de s'exiler le plus possible des rares zones desservies par une quelconque forme de transport public. Les écoles du centre-ville, exception faite des écoles et académies privées, sont de très mauvaises écoles, et je ne me suis pas inscrite comme prof remplaçante dans le comté de la ville (comme Baltimore est pas mal grande, elle a un comté à elle seule) car je tiens fortement à ma vie. Bien sûr, il existe aussi beaucoup d'écoles de banlieue qui accueillent une population défavorisée car elles se situent dans les zones des "projets d'habitation": ces projets sont des groupements de maisons souvent accolées qui sont financées par la ville et où sont placées les familles à revenu très bas. Ces projets peuvent s'apparenter aux HLM français, sauf qu'on y trouve surtout des familles dont l'histoire est marquée par la drogue et la grande violence, d'une façon ou d'une autre. Cela dit, on ne fait pas pire que les écoles du centre-ville.

Dans la classe, il ne s'est pas passé grand chose. Les bonnes écoles ne sont pas vraiment la matière de choix pour pouvoir raconter des anecdotes. Deux élèves ont pleuré parce qu'ils ont dû bouger leur nom sur le tableau qui montre leur comportement dans la journée et sont passés de vert à orange puis rouge (les parents reçoivent un récapitulatif le soir, donc ils avaient certainement honte!) mais tous ont fait leur travail quand demandé, même s'il a fallu en mettre trois autres contre le mur pendant les 3 premières minutes de récré.
Pour ceux que ça intéresse, je confirme qu'ici aussi ils sont repassés à la méthode des syllabes pour apprendre la lecture. En anglais on appelle ça "phonics", autrement dit on utilise les sons que produisent les lettres et les groupes de lettres pour pouvoir déchiffrer un mot et en lire de nouveaux. Chaque matin, ils apprennent un nouveau son. Au programme de leur journée, il y a aussi une heure de maths, une demi-heure de science et une classe d'une heure avec un autre prof (arts plastiques, musique ou sport en fonction du jour), mais la lecture domine vraiment. Ce qui m'a paru bizarre, c'est le fait de travailler beaucoup sur le tapis, en face du tableau. Je ne trouve pas évident de bien apprendre à lire en étant assis en tailleur par terre, un livre de lecture sur les genoux, car les enfants sont sans cesse distraits par le voisin qui leur met un coup sans faire exprès, celui de devant qui se penche un peu trop en arrière, le livre qui tombe au milieu des genoux et donc se referme, etc.  Peut-être suis-je trop habituée au système français, avec des élèves en rang d'oignon bien droits face au tableau?

Autre truc intéressant, cette école est maintenant équipée de tableaux interactifs (qui ont été installés devant les tableaux à craie, dont on ne se sert quasiment plus), qu'on utilise avec un ordinateur et un stylet : bah franchement ça déchire!

6 commentaires:

  1. Tu as fait quoi comme études pour être prof remplaçante aux USA? Ce n'est pas dur d'enseigner un tas de matières? Perso, je suis nulle en maths et sciences ... Je me vois mal donner un cours de bio même niveau CP, LOL!

    RépondreSupprimer
  2. En fait, ici la bivalence (voire multivalence, je ne sais pas comment on dit exactement) est vraiment de mise. Ce n'est pas rare qu'un prof titulaire aille "couvrir" le cours d'un collègue, et même si en général on essaye de rester au sein de son département, on peut aller devoir enseigner les maths alors qu'on fait musique : il suffit de faire du mieux qu'on peut, et au pire, on file des exos que le prof habituel corrigera plus tard. En gros, si tu ne te sens pas capable, tu assignes du "busy work". Dans mon cas, et dans le cas des remplaçants en général, on essaye de laisser les postes à ceux qui savent. Je n'irai pas accepter d'enseigner les maths en lycée même si c'est une école près de chez moi et que j'aime bien. Les écoles ne sont pas très regardantes si tu viens juste pour la journée, mais si tu viens pour la semaine ou pour un long remplacement, on te demandera des comptes. Sinon, pour le primaire, il faut savoir que l'examen de prof te demande de pouvoir enseigner toutes les matières académiques, et tous les profs doivent passer cet examen même les profs de lycée (j'expliquerai l'examen dans un prochain poste). D'ailleurs, jeudi dernier, je suis allée m'asseoir dans une salle pendant 5 heures...

    RépondreSupprimer
  3. Excellent le tableau interactif ... peu d'écoles en sont équipées en France. pourtant c'est génial ... profite à fond!

    RépondreSupprimer
  4. Intéressant de savoir qu'aux USA en CP la méthode de lecture est re-devenue de type syllabique. Je comprends là qu'elle était plus de style "globale" auparavant comme en France. Le changement dans les deux pays a du se faire vers les mêmes moments. Le "style de méthode" de lecture changeante ne serait donc pas uniquement un fais français (du style : cette méthode fonctionne très bien depuis plusieurs décennies, mais essayons un peu de voir les "dégâts" que cela causeraient sur nos chères têtes blondes en changeant complètement l'approche de la lecture ... ? Réponse : un nombre non négligeable d'enfants ne sachant pas lire à la sortie de l'école élémentaire ! Solution : on va peut-être revenir à la "bonne vieille méthode" ...

    RépondreSupprimer
  5. Philadelphie a par contre la chance d'etre plus une ville "a l'europeenne" dans le sens ou il y a d'excellentes (et de mauvaises) ecoles en centre-ville et qu'il y a un melange noirs/blancs et pauvres/riches plutot "sain" (si je puis dire, bien sur) ; d'ailleurs, on parle en ce moment d'un "baby boom" dans le centre-ville : beaucoup de jeunes parents choisissent d'elever leurs enfants en pleine ville et non dans une banlieue plus chic justement parce qu'ils trouvent plus interessant que leurs enfants soient exposes a differentes cultures et ne restent pas dans un "ghetto" blanc/catholique/riche. J'aime bien ca.
    Tres tres interessant, ton blog... Merci !

    RépondreSupprimer