mercredi 19 octobre 2011

Suite à l'article sur ma classe d'enfants autistes

Mon amie F, qui est prof de maternelle en France, aurait bien voulu mettre en commentaire ce qui suit, mais malheureusement c'était trop grand donc je vais le copier ici, car je trouve que c'est une bonne suite de discussion et que ça apporte un peu plus d'éléments.

Sinon, oui je confirme qu'il y a quand-même des moments où on reçoit beaucoup de la part de ces enfants, et notamment pendant la journée, il y a eu un moment où nous étions tous sans exception autour d'une table de travail, à colorier des citrouilles pour Halloween sans que personne n'essaye de s'enfuir, et là j'ai sourit à mes collègues et j'ai dit "prenons une minute pour mesurer l'importance du moment et la fierté qu'on se doit bien".


Voici donc l'article de F, qu'elle m'a envoyé par email ce matin:

Merci pour ce récit qui m'a rappelé des moments passés lors de ma dernière année en moyenne section à Lorient. Dans ma classe, j'avais 26 élèves ordinaires et deux porteurs de handicap : trisomie 21 pour une fillette et autisme pour un garçon. Au cours du premier mois d'école, je n'avais pas d'aide particulière hormis l'aide maternelle classique en classe maternelle pour la première moitié de matinée. Le dernier samedi matin (oui il y avait encore classe le samedi matin à cette époque lol) avant qu'enfin l'Etat débloque les fonds pour les salaires des Educatrice de Vie Scolaire ou Assistante de Vie Scolaire (et donc que les écoles puissent les embaucher !), j'avais prévenu ma directrice que s'il n'y avait personne en classe d'embauché pour la semaine suivante, je ne venais plus travailler ! Oui je sais pas très sympa de ma part (je précise que ce jour là nous ne savions encore absolument pas quand nous pourrions embaucher : dans une semaine, dans un mois dans six mois ?!), mais en plus de devenir extrêmement épuisant nerveusement pour moi, je ne pouvais pas assurer ni la sécurité de cet élève "autiste", ni celle des autres élèves. Et oui, pendant que je l'empêchais d'avaler une paire de ciseaux, de manger toute notre peinture (la rose était sa préférée) ou de se sauver de la classe pour aller je ne sais trop où, les autres élèves en profitaient pour mettre le bazar en classe et faire des choses dangereuses. En parlant de s'enfuir n'importe où, un matin alors que je faisais l'accueil en classe des élèves, avec les parents qui ont toujours un truc à raconter, je n'avais pas vu mon jeune élève se sauver par une autre porte de la classe (ma classe avait 3 portes de sortie et toutes fonctionnelles bien sûr !) et c'est un parent qui l'avait récupéré juste avant qu'il ne franchisse le portail de l'école et se retrouve sur l'avenue très roulante, qui me l'avait ramené ... Une fois l'EVS présente, c'était déjà plus facile (je n'avais déjà plus à me soucier toutes les 2 ou 3 secondes de où il était et ce qu'il faisait, sans compter de veiller aussi sur les autres !). Mais se fût tout de même un année épuisante ; également très enrichissante ! J'ai notamment appris que les enfants autistes aime le bleu, ça les apaise et les aide à se concentrer (il adorait un de mes sweat-shirt bleu ! Sur la poitrine, il y avait des formes géométriques de bridées et chaque matin où je le portais, j'avais le droit à ce qu'il plaque durement ses mains dessus -ma poitrine adorait lol !-). Je sais aussi qu'il faut leur parler comme aux autres enfants de leur tranche d'âge, être ferme (si c'est non, c'est non), mais le tout en restant toujours calme en apparence et intérieurement. Question apprentissages scolaires, encore plus qu'avec un élève lambda il ne faut pas se mettre la pression : si à la fin de l'année, il n'a appris qu'à reconnaître et écrire la lettre A et bien c'est déjà ça ... Niveau communication, à force d'observer on comprend mieux comment l'enfant fonctionne (comme tu l'as dit chaque enfant porteur du handicap autisme est différent) et même s'il ne communique pas classiquement, on arrive à "ressentir" ce qu'il veut dire. Parmi toutes les recherches réalisées et celles encore en cour, certains pensent que des aliments comme les céréales agissent comme une drogue sur le cerveau de l'enfant et qu'il faut donc les bannir de leur alimentation (au même titre que les produits traités chimiquement, donc s'orienter vers le bio ...). Les parents de mon élève avaient opté pour cet essai et c'est vrai qu'il "était mieux" après (moins agité, plus dans la relation avec l'autre). D'autres optent pour la méthode Applied Behavior Analysis qui "introduit" chez l'enfant des comportements nouveaux, de façon caricaturale, c'est le mettre dans une situation où on va "découper" les différentes séquences d'une tâche à accomplir pour qu'il apprenne sur la méthode du par coeur -comme pour un animal- à réaliser cette tâche. En France, elle n'est pas trop aimée, notamment à cause de ce conditionnement comme pour le dressage d'un animal, mais beaucoup d'exemples montrent de la réussite (le fils de Francis Perrin atteint d'autisme  a été "sauvé" selon les dire de son père par cette méthode). Voilà je ne suis pas sûre que mon témoignage ait apporté grand chose, mais bon .... En tous les cas, lire ton article m'a fait très plaisir !


Petite addition de ma part, vu dans l'école où j'ai fait mon remplacement : pour éviter les escapades, notre porte d'entrée avait une barrière à bébé.
Aussi, la raison pour laquelle l'administration a accepté de nous trouver une 4ème personne, c'est qu'ils avaient tous peur que ma collègue remplaçante et moi-même nous fassions la malle!

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