vendredi 16 décembre 2011

Post a venir...

Des que j'ai le temps, tres probablement ce weekend, j'ecris ca :

-- Du francais, enfin!!!
-- Mes eleves ghetto et moi
-- L'examen de prof
-- Vous savez ce que j'aime le plus?
-- La fois ou j'ai perdu ma voix
-- Un presque cambriolage pendant mon jour de conge

La, je suis au boulot et j'ai qu'un ordi portable de merde qui deconne, donc ca va pas le faire, mais j'arrive tout bientot, promis!

mardi 22 novembre 2011

Des niouzes - et oui, j'ai honte!

Honte de ne pas être venue écrire depuis un bail, tu parles d'un journal de prof si je viens pas relater mes expériences et autres catastrophes! Comme je le disais déjà auparavant, à chaque fois que je fais un remplacement en maternelle, je finis malade comme un clébard, donc évidemment y'a quinze jours ça n'a pas manqué, UNE journée avec une classe de grande section et paf, j'avais la crève comme en 40, mon nez était un robinet fuyant rouge et irrité alors que Mr-mon-Mari et moi devions aller passer le weekend à Princeton, dans le New Jersey. Mr-mon-Mari était invité à deux jours de conférence durant lesquels il a plus ou moins servi de cobaye pour fabriquer les examens de certification de prof de musique et décider des scores minimums. Hop, j'ai filé acheter des boites de mouchoirs anti-viraux de la marque qui commence avec un K, j'ai fait la valise et on a filé : j'allais quand-même pas manquer l'hôtel de luxe en pension complète tout frais payés (la corporation qui fabrique les examens de prof est riche à million, vu le prix qu'on paye pour passer l'examen ça m'étonne pas). Fort heureusement que la chambre était cool parce-que figurez-vous que j'ai passé deux jours sur trois au pieu, haha heureusement il y avait une machine à café avec dosettes dans la chambre et une grande télé au mur qui pivotait (la télé, pas le mur) -- oui je dis ça comme si c'était un exploit intersidéral mais pour ceux qui ne le savent pas, Mr-mon-Mari et moi n'avons pas de téléviseur. Mr-mon-Mari est contre la société de surconsommation et il a grandi sans le câble donc il ne regardait rien (car sur les chaînes "normales", il n'y a rien qui vaille la peine) et moi, la première année où je suis arrivée ici je ne regardais pas la télé non plus (bien que j'en avais une), donc on a décidé de continuer comme ça. On a un abonnement à un truc de location de dvd qu'on reçoit par courrier et éventuellement dans le futur on achètera surement un écran et un lecteur dvd (parce-que c'est quand même parfois bien relou de regarder tout sur le petit ordi) mais la majorité du temps on est assez fiers de ne pas avoir de télé (on lit beaucoup) et on pense que c'est bon pour le couple en général. Bien entendu, ce n'est qu'un avis personnel qui nous appartient et vous avez tout à fait le droit de penser qu'on est louches! En gros, on aime regarder des films et de bonnes séries, mais sans les pubs de 20 minutes pour des antidépresseurs et toute autre fange qu'on trouve sur les chaînes américaines, et pour les infos on préfère lire la presse, même si ça m'arrive de regarder le JT de 20h sur France2.fr!

Pour en revenir au sujet du blog, pendant notre weekend à Princeton je n'ai donc pas travaillé, et avant ça j'ai eu des postes "normaux" et cette fameuse classe de maternelle. A notre retour dans le Maryland, il a bien fallu revenir à la réalité et retourner au boulot, triple snif. J'ai manqué plusieurs jours pour cause de fin de rhume surpuissant/mal de tête de dix jours/rendez-vous chez le dentiste mais ensuite j'ai retrouvé mes collégiens adorés. On m'a appelée pour faire un remplacement à l'école de Mr-mon-Mari, là où j'ai fait mon année de stage. Cette école, c'est la maison pour moi, je connais quasi tout le monde et je m'y sens terriblement bien. Je remplaçais une prof de ESOL (English for Speakers of Other Languages), qui est donc la classe d'anglais pour les enfants qui ont une autre langue maternelle. Comme les autres classes de langues, il y a plusieurs niveaux et les enfants ne sont pas placés par âge, mais par abilité. Les enfants de niveau 1 (souvent de tout nouveaux immigrants qui n'ont un anglais que rudimentaire) passent la journée en classe d'ESOL, et ce jusqu'à ce qu'ils soient prêts à intégrer les cours classiques. Ce jour-là, j'ai eu des grands débutants d'abord, puis une classe d'élèves assez avancés. Pour vous donner une idée de la population représentée, il y a une écrasante majorité d'élèves hispanophones mais j'avais aussi deux élèves arabophones, un français de Lyon, un chinois, un perse, une russe, une francophone du Cameroun qui avait vécu 9 ans à Paris, plusieurs élèves qui parlent différents dialectes d'Afrique, bref une bonne variété. Je vous le dis direct, j'ai A-DO-RE. Si y'avait un truc que je devais faire autre qu'enseigner le français, ça serait réellement enseigner ESOL. J'y ai pensé d'ailleurs pas mal après mon poste, parce-que les demandes sont en constante augmentation, alors que personne ne veut embaucher des enseignants du français (et surtout pas dans le Maryland, où le français est peu à peu éliminé au profit du chinois).
Evidemment, mes hispanophones trouvent toutes les occasions possibles de parler espagnol, et en profitent vu que je ne comprends pas un mot (sauf quelques insultes du style "stupido", "puta" et des trucs qui commencent avec "tu madré"...) alors il faut beaucoup batailler. Pareil avec ceux qui ont la glande et qui prétendent qu'ils ne comprennent pas, alors que je sais bien qu'ils savent ce que je veux qu'ils fassent. J'ai essayé de leur montrer l'exemple avec le gamin de Lyon, à qui j'ai refusé de parler français, mais on sent que c'est difficile pour eux de ne pas se raccrocher à leur langue commune, surtout pour les débutants, qui deviennent rapidement frustrés de ne pouvoir s'exprimer.

Je suis revenue vendredi dernier pour l'autre prof d'ESOL (j'en avais profité pour faire un tour dans sa classe durant mon précédent poste) et là j'avais des élèves encore plus avancés, mais qui ont encore des difficultés au niveau de l'écriture. C'était assez fun et ils ont bien travaillé. Ils sont hyper respectueux des profs en général, toujours à utiliser des formes de politesse et tout ça -- il faut dire qu'on ne leur apprend pas l'anglais des ghettos! -- et ils ont bien aimé que je leur raconte que moi non plus je n'ai pas grandi en parlant anglais, et que j'avais du mal avec telle ou telle règle de grammaire, etc.

J'ai aussi profité de ma présence dans cette école pour aller dire bonjour un peu partout, revoir mes anciens 6èmes qui sont maintenant en dernière année et qui vont aller au lycée l'an prochain. Je les ai appelés "mes bébés" et ça les a fait rire, mais en vrai j'arrive pas à croire qu'ils ont tant grandi, ils m'ont parlé français avec de vraies phrases, j'étais émue! Quelques uns sont partis du programme, notamment une de mes élèves adorée que j'aurais tant voulu revoir mais dont la famille est (re)partie vivre aux Emirats Arabes Unis, une vraie tête cette petite avec un papa grand chirurgien qui a travaillé à Johns Hopkins... J'ai eu l'assurance de mon collègue qu'elle avait été en tête de classe jusqu'à son départ, donc ouf je peux dormir tranquille!

Après ça, je suis allée plusieurs fois à l'autre collège que j'aime beaucoup (là où Mr-mon-Mari était au collège) et pour ceux que ça intéressent, j'ai revu mon élève qui n'était pas passé loin de l'électrocution! Bah, il va très bien! Je lui ai dit cependant "J., tu restes LOIN de la prise aujourd'hui, Ok?". On ne sait jamais!

mardi 8 novembre 2011

Pourquoi j'ai fini ma journée à l'hosto

D'abord, je tiens à vous rassurer et à enrayer les rumeurs :
1. Non, je ne suis pas enceinte (on a vérifié, à croire que les toubibs pensent que je mens!).
J'ai prévu d'attendre encore pas mal d'années, je n'ai aucune envie d'avoir un bébé maintenant ni dans un futur proche, et ni Mr-mon-Mari. Nous avons d'autres projets en priorité, et notamment l'intention tous les deux de retourner à la fac pour un Master (chacun son tour, je vous laisse faire l'addition des années), de faire le tour du monde en un an, d'acheter une baraque, de vivre au moins un an an France, bref vous avez dix ans devant vous avant de vous demander si j'ai grossi du bidou ou si c'est mes fringues qui sont mal coupées.

2. Mon élève ne s'est pas pris de coup de jus.
C'est le truc décoratif qui se trouve autour de la prise, qui est en métal, qui a tout pris car il n'a pas mis la trombone dedans, il l'a simplement glissée le long du mur et le frottement métal contre métal nous a fait des chocapic (encore une fois!) et a un poil fondu.
Je ne savais pas le truc du coeur, et s'il était tombé au sol suite au choc (et non s'était jeté lui-même pour se cacher de sa bêtise) j'aurais appelé le 911. Sinon, ici on est sur du 110v donc je sais pas, en même temps c'était pas dans ma formation de remplaçante que de devoir empêcher l'accès aux prises de courant. Je le saurai pour la prochaine fois, je l'attacherai à sa chaise avec du gros ruban adhésif.

3. Si mon élève avait trépassé, vous pensez bien que je ne serais pas en train de vous écrire : y'a pas le wifi derrière les barreaux, voyons!


J'étais donc en collège hier toute la journée et tout s'est bien passé sauf que j'étais toute tordue sur ma chaise, j'arrivais pas à trouver une position dans laquelle j'avais pas mal. Je vous rassure encore, aucun élève ne m'a attaquée, bien que j'aie l'impression d'avoir été plaquée au rugby.
J'explique : la semaine dernière, jeudi nuit pour être exacte, je me suis réveillée avec d'atroces douleurs de ventre et ça m'a pris des heures à passer, heures pendant lesquelles j'ai fait à peu près toutes les positions possibles du Grand Livre du Yoga pour tenter de me soulager. Un bout de gingembre frais en sera venu à bout vers 2 heures du matin, Amen.
Seulement, depuis là, je me trainais un mal indescriptible aux côtes gauches, et sous les côtes aussi, avec l'impression d'un Alien y grandissant. Y'a quand même un moment où je me suis dit qu'avoir mal comme ça pendant 4 jours, c'était surement pas normal. Bon, j'appelle l'infirmière conseil de notre assurance (alors ça, faut que je vous en parle, c'est trop net : on appelle l'infirmière, à qui on raconte nos déboires, puis elle va causer avec le doc de garde, et lui il décide si on doit venir tussuite tussuite, si il nous envoie aux urgences, ou bien si on peut attendre le lendemain pour avoir un rendez-vous) et elle a dit "je vous envoie au service d'urgence de votre centre de soin habituel".
A mon arrivée, talonnée de Mr-mon-Mari, j'ai été vue par un médecin, et si elle avait une idée de ce que ça pouvait bien être, elle n'a rien mentionné. Moi, stressée, je la voyais déjà m'annoncer qu'il me fallait une ablation de la rate ou que je souffrais d'une maladie en phase terminale, bref l'état dans lequel je me mets habituellement quant aux histoires de santé. Tout paraissant normal à l'examen (sauf la douleur, bien entendu), on m'envoie:
- faire des radios
- faire des tests sanguins
- faire pipi dans un bocal
pendant que Mr-mon-Mari me suit de salle d'attente en salle d'attente, portant mes affaires et regardant la chaîne Food Network. Je sais pas vous, mais je trouve ça fin cruel d'imposer des chaînes qui montrent de la bouffe dans un hosto, surtout quand la femme devant moi a gerbasse. Deux fois. De plus, à l'heure qu'il était, Mr-mon-Mari était évidemment victime d'un affamement intense et insoutenable, imaginez-le en train de mater Paula Deen avec le ventre qui grouille, pauvre créature! 


Quand mes résultats sont arrivés -- pas de fracture ni fêlure, tests sanguins normaux donc je subodore que ma rate va bien, et mes reins fonctionnent normalement -- le doc m'a reprise pour me faire part du diagnostique : je souffre d'une costochondritis.
Kèssessé??? Une inflammation d'une ou plusieurs côtes.
La cause est souvent inconnue, si ce n'est que dans mon cas, ça a probablement été provoqué par moi-même en me tordant comme un vers durant ma nuit de crampes. Ca peut durer quelques jours à des mois (nom d'un chien sans poil!) et y'a pas grand chose à faire à part manger de l'ibuprofen. Y'a même des gens chez qui ça fait des sensations de crise cardiaque tellement c'est fort et ça irradie (j'avais mal au dos, et le radiologue a suggéré que peut-être ça viendrait en fait de mes multiples problèmes de dos). Je suis repartie avec un papier qui prouve qu'on m'a fait des tests (des fois que!) et une notice qui explique ce qu'est la costochondrite. En attendant, j'essaye de pas trop rire mais comme j'ai encore le rhume, rapport à mes élèves de maternelle, j'éternue et je vous assure que c'est pas plaisant.



Une petite note à mes lecteurs : évitez si possible à l'avenir d'utiliser le mot "enceinte" car vous faites fantasmer mes parents, qui ne rêvent que d'une chose, être Mamie et Papy Gâteaux de ravissants petits bilingues!

lundi 7 novembre 2011

L'éclair (mais pas de lucidité)

Bah râlez pas hein, je sais j'ai pas eu trop de temps la semaine dernière mais si je vous dis que j'ai passé mon aprèm' à l'hosto?! Bon. Commençons par le commencement.

Dernièrement j'ai eu des postes sans trop de problèmes, avec des classes dans lesquelles y'a une bonne ambiance et une dynamique bien sympa, même que parfois quelques élèves restent 5 minutes à la fin de la journée pour tailler le bout d'gras. En collège, l'ancien collège de Mr-mon-Mari (là où il était élève), ça se passe toujours plutôt bien et ils m'ont mis sur leur liste de remplaçants préférés, donc je reçois les offres en priorité (ce qui est bien car tout le monde veut évidemment les remplacements dans les établissements qui craignent pas). Que ma journée soit sans heurts, c'est déjà beaucoup, mais si en plus j'arrive à me marrer un peu avec une classe, c'est carrément le paradis!
La semaine dernière, je suis aussi allée faire un remplacement en maternelle (en trainant les pieds...) et donc évidemment je me re-paye un mal de gorge. Merci les mioches de tousser à l'avenir loin de moi.

L'histoire que je veux vous raconter date de jeudi. J'étais en effet dans le fameux collège qui est bien et je remplaçais une prof d'anglais de 7th grade. Mes classes se déroulent sans incident, on se fend la gueule un peu avec quelques élèves qui ont bien envie de glander et qui essayent de trouver des stratagèmes sauf que je ne suis pas dupe, vous voyez le genre. La première heure, quand la cloche sonne et qu'ils prennent leur temps, je fais de grands gestes et je leur dis de fiche le camp parce-qu'ils ont été bien bavards et que ma santé mentale a besoin d'une pause de trois minutes dans le silence, ça les fait marrer. Ma deuxième heure, une araignée en mou (un peu comme les trucs qu'on malaxe quand on est stressé) rose atterrit au plafond et y reste collée, jusqu'à ce qu'elle finisse par tomber toute seule sur la tête d'une élève, on se fend tous du genou.
Arrivée à la fin de la journée, tandis que la majorité des élèves sont partis mais que certains attendent encore leurs bus en causant avec moi de pourquoi si on est pas américain on peut pas comprendre les règles du baseball et de pourquoi au football américain quand un gars a la balle y'a tous les autres qui lui sautent dessus comme des maboules, on voit un éclair. Pas par la fenêtre, non, mais bel et bien dans la salle de classe. On se retourne, on cherche ce qui a bien pu se passer, et là on découvre un élève au sol.
Vivant, l'élève, je vous rassure.
Il est juste un poil prostré parce-qu'il se dit "tiens, je viens de faire une connerie". Cet élève, un petit blondinet à l'air tout à fait innocent, avait déplié une trombone et s'amusait à la passer le long des murs quand celle-ci a fini par rencontrer la prise électrique. D'où l'éclair. La trombone a cramé aux extrémités (il m'a affirmé qu'il ne l'avait pas mise DANS la prise), je l'ai ramassée du sol (il l'a jetée, de peur de se faire attraper avec l'arme du crime!) après avoir vérifié que mon élève n'était pas électrocuté. Je lui ai demandé s'il avait ressenti une décharge, et il ne savait pas trop si oui ou non (pourtant on penserait que y'a une différence conséquente entre les deux, hein!) alors je lui ai dit que vu que ses cheveux n'avaient tournés ni bouclés ni statiques, il allait bien. Ça a fait se poiler les trois ou quatre élèves qu'il restait (sans compter moi qui avait du mal à garder mon sérieux), mais lui, il s'est mis à pleurer. Genre pleurer pour de vrai, et sans pouvoir s'arrêter. La peur du renvoi, apparemment. Je suis allée voir à la prise électrique, c'était un peu cramé autour mais rien de bien méchant. On a vérifié que les plombs n'avaient pas sauté, tout était impec', et je lui ai promis qu'il n'allait pas avoir d'ennuis. Quand ce petit Einstein s'est enfin ressaisi, il a pu rentrer chez lui, et j'ai souri en déposant l'arme du crime sur le bureau. Je me demande encore ce qui a bien pu lui passer par la tête (en lui posant la question, j'avoue qu'à travers les larmes j'ai pas compris un mot).
J'aurai dû garder la trombone, ça m'aurait fait un souvenir!

Demain je vous dis pourquoi j'étais à l'hosto, héhé!

mercredi 26 octobre 2011

René et moi

Meuh non, pas ce René là! René Descartes.
Bah oui, je suis allée enseigner les maths (on rigole pas!) au collège et y'avait sa goule en dessin dans la salle. Les élèves travaillaient sur les équations à une inconnue donc ça va, c'était dans mes cordes (c'était au programme de l'examen de la certification).
Cette école est très grande et je me suis perdue deux fois : d'abord en cherchant les toilettes des profs, ensuite en allant récupérer les zigottos à la cafétéria.

Ma première classe s'est très bien déroulée et je ne me suis pas ennuyée du tout car un élève est arrivé avec l'index fracturé : j'ai écrit à sa place car le pauvre pensait qu'il n'allait pas avoir la chance de travailler...
Dans ma deuxième classe, j'ai retrouvé une élève que j'avais en 6ème quand j'étais en stage à l'école de Mr-mon-Mari et elle m'a reconnue. Rapidement, ça a fait le tour du collège et des élèves venaient passer la tête dans l'encadrement de ma porte pour me demander "c'est vraiment vrai que vous êtes française?". A croire que les français sont en voie de disparition et qu'ils n'en ont jamais vu! Mes autres classes étaient assez difficiles, avec beaucoup de parlote, à tel point qu'à un moment j'ai du envoyer dans le couloir un groupe de quatre qui ne faisait rien que se marrer, pour mettre les points sur les i. En gros, sur 5 classes, 3 étaient vraiment très ghettos.

J'ai aussi du enseigner "health", une matière que les profs (normalement de sciences et de sport) se partagent et qui correspond typiquement aux 2 ou 3 séances qu'on fait en France avec l'infirmière : on parle de prévention et d'éducation sexuelle, de drogues et de l'adolescence en général. Après m'avoir demandé mon numéro de téléphone et si j'avais un compte fesse-bouc, quelques garçons ont dit qu'ils auraient aimé que j'enseigne la reproduction... Classieux.
Pour ceux qui se demandent si, en vrai, je ressemble à Claudia Schiffer, que nenni. Je vous confirme cependant que la majorité des remplaçants de collège et lycée sont des profs à la retraite et bedonnants, donc ça leur fait toujours un changement d'avoir une jeune -- d'ailleurs mon âge arrive rapidement sur le tapis, avant mon accent, même!
En "health"on a parlé des drogues et du tabac, et en faisant mon petit sondage, seulement 2 élèves de la classe ont dit qu'ils avaient déjà essayé de fumer une cigarette (ce sont des 4ème) mais n'ont jamais eu envie de recommencer.
Malgré les classes ghettos, je pense que c'est une école pour laquelle j'accepterai des postes dans le futur mais de préférence 6ème et 5ème car les 4ème sont vraiment trop à la limite avec leur flot d'hormones!

Pendant ma période libre (dite période de planning), j'ai lu deux extraits de livres que j'ai téléchargé sur mon e-reader (je peux lire gratuitement environ 30 à 50 pages avant d'acheter un livre) car j'ai fini mon dernier roman et j'ai du mal à rester sans rien. Ces deux extraits étaient très bons et je pense acheter les deux livres, mais je vais donner la priorité à celui qui traite de l'autisme infantile. En effet, depuis mon remplacement catastrophique (voir  Comment je me suis retrouvée les nib' {...}), je me suis beaucoup intéressée au sujet, probablement parce-que je me suis sentie horriblement sous-compétente, sans ressource et inutile. Mon intérêt n'est pas tant dans comment faire en contexte de classe mais plutôt comprendre la maladie, ses origines et ses implications diverses. Ce livre de Seth Mnookin, intitulé "The Panic Virus" traite de comment discerner la vérité sur une maladie dont on sait peu, et comment séparer croyances et faits. L'auteur l'a écrit suite à la controverse née en 2008 concernant les vaccinations des enfants. Je vous le dis directement, il réfute le lien, tout comme l'entière communauté scientifique -- et c'est aussi mon avis. Mais, en tant que junkie de médecine alternative, j'ai souvent tendance à me laisser happer par l'opinion publique au lieu de peser les faits et les preuves. Dans son ouvrage, l'auteur fait un parallèle avec les différentes théories du complot concernant 9/11 et le lieu de naissance d'Obama, ainsi que le pouvoir dont est investie Oprah Winfrey pour nous faire avaler n'importe quoi.
Bref, si vous vous intéressez à l'autisme ou simplement à comprendre comment les médias construisent une réalité qui leur est propre (et si vous lisez bien l'anglais), je vous le conseille vivement.

lundi 24 octobre 2011

DARE

Dans ma salle du jour, il y avait une douche d'urgence, sans porte, avec une pomme qui pend du plafond et une grille d'évacuation à même le sol, et aussi un lavabo spécial pour se laver les yeux : je remplaçais une prof de sciences en collège. Dieu merci, à aucun moment nous n'avons eu besoin d'utiliser la douche d'urgence, j'avais un officier de police toute la journée dans ma classe pour un cours un peu particulier sur la prévention anti-drogues et anti-violences.

Pour un total de 8 heures, à raison d'une fois par semaine, cet officier vient apprendre aux enfants comment dire non aux drogues et à la violence, à l'aide de mises en situation très concrètes et d'un cahier que les élèves doivent remplir au fur et à mesure des différentes leçons. Ce cours s'appelle DARE (qui veut dire en anglais, OSE) et les initiales signifient :
D = Define ---> décrit le problème
A = Assess ---> quels sont tes choix? Assois-les.
R = Respond ---> prend une décision. Utilise ce qu'on t'a appris.
E = Evaluate ---> évalue ta décision. As-tu pris la bonne décision?

La leçon du jour concernait les amis qui ne nous veulent pas que du bien, et comment lutter contre la pression sociale. En gros, dans leur cahier, les leçons précédentes concernaient le tabac, l'alcool, la marijuana : on donne les faits puis on parle des effets sur la santé, on répète l'illégalité et on essaye de trouver un moyen d'être responsable, de ne pas entrer dans des situations à risques ou d'en sortir si l'on y est.

Comme c'était le même cours pour les 6 classes que j'avais et que l'officier de police s'en sortait très bien tout seul, j'ai écouté le premier cours et puis après j'ai lu le New York Times (ouais jme la pète!) et d'ailleurs j'ai trouvé un article très intéressant sur les enfants bilingues, si ça vous branche, allez visiter ce lien :
http://www.nytimes.com/2011/10/11/health/views/11klass.html


Aujourd'hui c'était aussi "PJ Pants Day", autrement dit le jour des pantalons de pyjamas. Non, même pas que je mens (j'aurais préféré!), les élèves (et aussi les profs) peuvent venir en cours en pantalon de pyj'.
J'ai vu des horreurs, et aussi des profs qui, en plus du pyjama, avaient carrément mis des pantoufles... Je ne voudrais pas avoir l'air de juger mais, hum, comment dire, je trouve ça ridicule.
Jamais au grand jamais ça ne me viendrait à l'idée de participer. Déjà pour les élèves, je pense nécessaire de bien maintenir une barrière entre la maison et l'école -- après tout, c'est ce qu'on leur répète à longueur de journée car on attend d'eux un comportement différent et une attitude qui s'incline dans le sens de la prise de responsabilité de leur apprentissage. Or, l'école ce n'est pas le salon, le matin on se lève et on s'habille et on se PREPARE spécialement pour passer la journée à travailler et apprendre des trucs. Un pyjama n'a rien à faire en salle de classe, ce n'est ni les vacances ni un jour plus relax que les autres : les enfants associent l'école et la maison, même inconsciemment, sont moins productifs et se permettent alors des familiarités avec les profs. Et quand bien même on reste à la maison, à moins d'être malade et au lit, en général les parents s'habillent et demandent donc à leurs enfants de s'habiller. Même si ça signifie mettre un survêt et un vieux pull. Bref, j'aimerais bien avoir votre opinion sur ce sujet.

Concernant les profs, je trouve ça tout simplement débile. De la même façon, il y a des barrières à respecter, des limites à poser et on peut être un prof cool et proche de ses élèves sans s'habiller comme si on allait sortir les poubelles. Je sais que la mentalité US est bien différente de la France mais de la à faire cours en pyjama? Il va sans dire que l'autorité pour un prof passe énormément par la tenue vestimentaire (c'est mon avis, en tout cas). Quand j'enseignais le français à l'école de Mr-mon-Mari, après plusieurs semaines, une fois que je n'avais plus besoin d'asseoir constamment mon autorité car les enfants savaient ce qui était permis et ce qui ne l'était pas, je me suis permis de mettre un jean le vendredi -- souvent porté avec une veste de tailleur ou un chemisier -- mais jamais je ne porterai de jean en tant que remplaçante car j'ai tout le temps des élèves différents et j'ai donc besoin d'afficher un certain charisme si je tiens à me faire respecter. J'ai des vêtements "de travail" que je sélectionne pour leur côté sérieux et pro. Et même si on dit en général que les profs sont pauvres et ne peuvent se payer un tailleur, on trouve des pantalons noirs à tous les prix, ainsi que des tee-shirt unis. "Haché-aime"(non je ne fais pas de pub, j'ai pas le droit) n'a tout de même pas été inventé pour rien! Les seuls moments où je m'habille un peu plus "relax" sont quand je remplace en maternelle car je suis souvent au ras du sol - là encore, on trouve des fringues souples dans lesquelles on bouge bien mais qui ont quand même l'air plus pro qu'un pyjama.
Là encore, je voudrais bien connaitre votre avis sur le sujet...

mercredi 19 octobre 2011

"Mrs M, tu peux remontrer le yoga?"

Vendredi dernier, j'ai remplacé une prof de 2nd grade (CE1).
J'ai travaillé pas mal de fois dans cette école maternelle et primaire, et j'avoue que j'aime l'ambiance. Les élèves et les profs viennent de milieux variés et globalement de la classe moyenne. Les élèves sont à leur niveau, ni en retard ni trop en avance, et ils savent (encore) apprécier le monde magique de l'enfance.

Ma salle était belle, toute nouvellement décorée puisque cette classe a été crée après la rentrée, dû à un sur-effectif d'élèves. Les élèves ont donc été "pris" d'autres classes pour former celle-ci, et je dois dire qu'ils se sont bien adapté socialement. Il y avait vraiment une bonne cohésion de groupe, et une envie de faire du travail bien fait. Malheureusement il pleuvait, donc nous n'avons pas pu profiter de l'espace jeu à l'extérieur, et nous avons fait la récré dans la salle : ici, comme il n'y a pas plusieurs récrés par jour, et que de toute façon elle dure au maximum 20 minutes, il n'y a pas de préau. Quand le temps est mauvais, la récré se fait dans la classe. Certaines filles avaient amené des poupées du style Barbie, mais en version zombie, vampire et loup-garou. J'avoue qu'en les voyant, je me suis dit "mais où va le monde" car l'idée que j'aie des enfants de 7 ans est qu'ils ont en général peur du monde des morts, et après je me suis souvenue de l'engouement général de cette génération pour les vampires et autres créatures n'étant qu'à moitié vivantes. L'effet Twilight, je présume.
Ces poupées sont par ailleurs très peu réalistes, avec une tête énorme sur un corps très fin, des bras squelettiques, des jambes disproportionnellement longues et des fesses rebondies qui ressortent. C'était risible, surtout avec leurs cheveux vert et bleu et leurs canines affutées peintes sur leur bouche! Remarquez, à choisir, je préfère ça que Justin Bieber.

Le matin, il y avait l'événement "Muffins for Mom", autrement dit les mères (on peut inviter aussi la mamie ou une tante) venaient à l'école pour manger des muffins avec leurs enfants et donc partager un peu de leur vie scolaire. Cet événement se déroule une fois par an, et il y a aussi "Donuts for Dad", vous avez compris le principe.
Ca nous a un peu chamboulés parce-que certains enfants n'étaient pas sur la liste de participation et me juraient que leur mère était là, sauf que sans autorisation écrite, je ne peux les envoyer se balader dans l'école voir si leur maman y est. Finalement, j'ai trouvé quelqu'un pour vérifier pour moi, et effectivement une gamine avait bien sa mamie qui l'attendait, mais les deux autres zigotos sont revenus bredouilles et fâchés "Bah, ma mère n'était pas là!".

A cet âge-là, les enfants ont fréquemment besoin de pouvoir bouger leurs membres qui ne demandent que ça, mais quand on est en pleine interro, on ne peut pas tout arrêter comme ça. Je me suis écrit un post-it mental et plus tard, quand j'ai vu que ça commençait à s'agiter un peu trop à la table du petit T, que j'avais prévenu d'arrêter d'embêter le voisin, je l'ai fait venir sur le tapis pour l'obliger à faire deux minutes de yoga. Il est venu sans broncher, et d'autres se sont joint à nous pour "se relaxer et mieux travailler ensuite". En gros, j'ai fait n'imp (j'ai été au cours de yoga qu'une fois, haha!), du style croiser les jambes, faire des O avec les doigts et dire "je me sens détendu". Puis ensuite nous avons marché une longueur de salle avec un livre sur la tête, car ça oblige de ne pas être nerveux ni sautiller ni parler. Ça les a bien fait marrer mais ça a marché quand même, et au final toute la classe est venue. Du coup, entre les différentes interros, ils en redemandaient et nous avons refait plusieurs séances, fallait voir comme ils étaient calmes à attendre que je leur dise comment mettre leurs mains au dessus de la tête et que je montre la pose de l'arbre. Y'en a un qui est tombé en faisant l'arbre alors nous avons nommé cette pose "la pose du buisson"! Et à la fin de la journée, quand on était plus que quelques-un à attendre leurs bus, ils m'ont suppliée de remontrer le yoga!
J'ai laissé un mot sur le bureau de la prof pour pas qu'elle croit que j'suis venue directement de Woodstock et que j'ai voulu faire un lavage de cerveau aux mômes...

Cette classe était équipée d'un tableau interactif et je peux vous dire que je m'en suis donnée à coeur joie de m'en servir!!! Mais mine de rien, c'est pas facile d'écrire avec un stylet, ça fait mal au poignet et le pointeur est légèrement décalé par rapport à la mine, puis faut à chaque fois aller sélectionner la gomme si tu veux effacer, ou changer la taille ou la couleur. Par rapport à un tableau classique, quand t'es pas habitué, tu perds un max de temps.
Le meilleur c'était quand j'ai découvert que y'avait une sorte de très grande baguette magique pour effacer le tableau plus rapidement! Je ne vous avais pas dit que mon rêve était d'enseigner à Poudlard???

Suite à l'article sur ma classe d'enfants autistes

Mon amie F, qui est prof de maternelle en France, aurait bien voulu mettre en commentaire ce qui suit, mais malheureusement c'était trop grand donc je vais le copier ici, car je trouve que c'est une bonne suite de discussion et que ça apporte un peu plus d'éléments.

Sinon, oui je confirme qu'il y a quand-même des moments où on reçoit beaucoup de la part de ces enfants, et notamment pendant la journée, il y a eu un moment où nous étions tous sans exception autour d'une table de travail, à colorier des citrouilles pour Halloween sans que personne n'essaye de s'enfuir, et là j'ai sourit à mes collègues et j'ai dit "prenons une minute pour mesurer l'importance du moment et la fierté qu'on se doit bien".


Voici donc l'article de F, qu'elle m'a envoyé par email ce matin:

Merci pour ce récit qui m'a rappelé des moments passés lors de ma dernière année en moyenne section à Lorient. Dans ma classe, j'avais 26 élèves ordinaires et deux porteurs de handicap : trisomie 21 pour une fillette et autisme pour un garçon. Au cours du premier mois d'école, je n'avais pas d'aide particulière hormis l'aide maternelle classique en classe maternelle pour la première moitié de matinée. Le dernier samedi matin (oui il y avait encore classe le samedi matin à cette époque lol) avant qu'enfin l'Etat débloque les fonds pour les salaires des Educatrice de Vie Scolaire ou Assistante de Vie Scolaire (et donc que les écoles puissent les embaucher !), j'avais prévenu ma directrice que s'il n'y avait personne en classe d'embauché pour la semaine suivante, je ne venais plus travailler ! Oui je sais pas très sympa de ma part (je précise que ce jour là nous ne savions encore absolument pas quand nous pourrions embaucher : dans une semaine, dans un mois dans six mois ?!), mais en plus de devenir extrêmement épuisant nerveusement pour moi, je ne pouvais pas assurer ni la sécurité de cet élève "autiste", ni celle des autres élèves. Et oui, pendant que je l'empêchais d'avaler une paire de ciseaux, de manger toute notre peinture (la rose était sa préférée) ou de se sauver de la classe pour aller je ne sais trop où, les autres élèves en profitaient pour mettre le bazar en classe et faire des choses dangereuses. En parlant de s'enfuir n'importe où, un matin alors que je faisais l'accueil en classe des élèves, avec les parents qui ont toujours un truc à raconter, je n'avais pas vu mon jeune élève se sauver par une autre porte de la classe (ma classe avait 3 portes de sortie et toutes fonctionnelles bien sûr !) et c'est un parent qui l'avait récupéré juste avant qu'il ne franchisse le portail de l'école et se retrouve sur l'avenue très roulante, qui me l'avait ramené ... Une fois l'EVS présente, c'était déjà plus facile (je n'avais déjà plus à me soucier toutes les 2 ou 3 secondes de où il était et ce qu'il faisait, sans compter de veiller aussi sur les autres !). Mais se fût tout de même un année épuisante ; également très enrichissante ! J'ai notamment appris que les enfants autistes aime le bleu, ça les apaise et les aide à se concentrer (il adorait un de mes sweat-shirt bleu ! Sur la poitrine, il y avait des formes géométriques de bridées et chaque matin où je le portais, j'avais le droit à ce qu'il plaque durement ses mains dessus -ma poitrine adorait lol !-). Je sais aussi qu'il faut leur parler comme aux autres enfants de leur tranche d'âge, être ferme (si c'est non, c'est non), mais le tout en restant toujours calme en apparence et intérieurement. Question apprentissages scolaires, encore plus qu'avec un élève lambda il ne faut pas se mettre la pression : si à la fin de l'année, il n'a appris qu'à reconnaître et écrire la lettre A et bien c'est déjà ça ... Niveau communication, à force d'observer on comprend mieux comment l'enfant fonctionne (comme tu l'as dit chaque enfant porteur du handicap autisme est différent) et même s'il ne communique pas classiquement, on arrive à "ressentir" ce qu'il veut dire. Parmi toutes les recherches réalisées et celles encore en cour, certains pensent que des aliments comme les céréales agissent comme une drogue sur le cerveau de l'enfant et qu'il faut donc les bannir de leur alimentation (au même titre que les produits traités chimiquement, donc s'orienter vers le bio ...). Les parents de mon élève avaient opté pour cet essai et c'est vrai qu'il "était mieux" après (moins agité, plus dans la relation avec l'autre). D'autres optent pour la méthode Applied Behavior Analysis qui "introduit" chez l'enfant des comportements nouveaux, de façon caricaturale, c'est le mettre dans une situation où on va "découper" les différentes séquences d'une tâche à accomplir pour qu'il apprenne sur la méthode du par coeur -comme pour un animal- à réaliser cette tâche. En France, elle n'est pas trop aimée, notamment à cause de ce conditionnement comme pour le dressage d'un animal, mais beaucoup d'exemples montrent de la réussite (le fils de Francis Perrin atteint d'autisme  a été "sauvé" selon les dire de son père par cette méthode). Voilà je ne suis pas sûre que mon témoignage ait apporté grand chose, mais bon .... En tous les cas, lire ton article m'a fait très plaisir !


Petite addition de ma part, vu dans l'école où j'ai fait mon remplacement : pour éviter les escapades, notre porte d'entrée avait une barrière à bébé.
Aussi, la raison pour laquelle l'administration a accepté de nous trouver une 4ème personne, c'est qu'ils avaient tous peur que ma collègue remplaçante et moi-même nous fassions la malle!

mardi 18 octobre 2011

Comment je me suis retrouvée les nib' à l'air dans ma salle de cours

J'ai failli appeler ce post "Le mercredi de l'angoiiiiiisse" mais comme je trouvais que ça faisait un peu trop mauvais reportage de M6, je me suis dit qu'il valait mieux trouver un titre plus accrocheur.

Mercredi dernier, j'ai passé la journée dans une classe de maternelle petite section et moyenne section spéciale autistes. Honnêtement? Au bout de vingt minutes, j'avais envie de me tirer une balle.
Déjà, je devais avoir une assistante d'instruction, c'est à dire une personne spécialisée dans l'éducation en section spéciale, et avec une formation sur l'autisme. Bah, elle a pris sa journée... Et donc y'a une remplaçante qui est venue pour elle aussi, sauf qu'elle, elle n'était pas spécialisée dans l'autisme et que même si on s'est soutenues moralement toute la journée, ça n'a pas fait avancer le schmilblick. Je vous dessine le tableau : deux remplaçantes qui savent absolument pas ce qu'elles font, et 8 mômes qui se comportent comme des petits singes. Heureusement, y'a une aide maternelle qui est venue, et l'après-midi on a même réussi à convaincre l'administration de nous envoyer une personne supplémentaire, une volontaire (la pauvre!). L'aide maternelle de la classe connait bien les enfants, elle nous a donc vite fait le topo à l'arrivée des élèves par les bus, et seulement cinq minutes après qu'elle m'a dit "attention, lui, il mord" en pointant un gamin du doigt, il m'a effectivement mordue à la main. J'ai compris plus tard que c'était ma montre qui l'intéressait, et donc je l'ai enlevée avant qu'il ne l'avale et que je doive appeler le 911.

Vous allez me dire, trois voire quatre adultes pour 8 enfants, on devrait pouvoir s'en sortir largement... Bah non. Moi aussi, je croyais, mais je n'avais été en contact qu'avec des enfants autistes pré-ado ou ados! Les petits, ce n'est pas la même chose...
Les enfants autistes dans ces âges (3 et 4 ans) sont non-verbaux, autrement dit ils ne savent pas communiquer avec des mots. Certains comprennent les paroles des adultes, mais comme pour eux nous sommes des objets, si tu as le malheur d'être sur le chemin, ils te marchent dessus (c'est une image, ou pas, selon les cas). Ils savent signer (comme les sourds) car ils ont un instructeur de signe qui vient à l'école et aussi chez eux à la maison, et donc ils parlent de façon basique en langue des signes parce-que comme ils ne peuvent pas utiliser des mots, ils deviennent rapidement frustrés s'ils ne peuvent se faire comprendre, ce qui engendre, j'ai pu le voir, des colères terribles et interminables. Sur le tas, j'ai appris deux ou trois signes, en l'occurrence "c'est fini" "merci" "s'il te plait" et "encore?", mais certains gamins, donc le stade d'autisme est moins "profond" que celui des autres, ont bien pigé que je ne pouvais signer et donc prenaient ma main pour me montrer directement ce qu'ils voulaient que je fasse. Du style "ouvre ma brique de jus" ou "ouvre la boite du puzzle".
Les jeunes enfants autistes ne sont pas non plus propres, dans le sens aller aux toilettes. La majorité d'entre eux porte des couches jusqu'à tard car ils ne maitrisent pas leurs fonctions, et seulement un élève de ma classe pouvait nous dire qu'il avait besoin d'aller aux WC. Je vous le dis directement, je n'ai pas changé de couche, ouf. L'aide maternelle s'en est chargée, mais ça a été le champ de bataille car il fallait déjà pouvoir attraper les gamins et les transporter jusqu'aux toilettes. Nous avions un mini-WC dans la salle, merci Seigneur. Oui, j'ai fait pipi sur le mini WC moi aussi, étant donné qu'il était impossible de quitter la salle même trois secondes et demi, allez-y, faites vous une image mentale, ça vous fera bien rire. Je ne suis pas bien grande, mais là je me suis sentie hobbit!
En bref, l'autisme est extrêmement compliqué et les scientifiques ne s'y retrouvent déjà pas, alors pour les autres! Le diagnostique est large, tout comme les symptômes, et chaque enfant est différent. Un bon pourcentage d'entre eux souffre en même temps d'un retard mental, mais comme ils se développent bien plus tard que les enfants "typiques" (oui c'est comme ça qu'on dit, on ne dit pas "normaux!") c'est difficile à quantifier. D'où ça vient? Il y a plusieurs causes possibles, dont l'alcool pendant la grossesse, fumer pendant la grossesse, les pesticides, les métaux lourds, les maladies attrapées pendant la grossesse, etc. Wikipedia US a un très bon article que je vous recommande s'il s'agit d'un sujet qui vous intéresse.
Pour reprendre mon cas par cas avec mes élèves, j'ai appris qu'un des gamins a une mère alcoolique et qu'il a été placé ensuite dans une famille d'accueil. Les autres ont des familles dans lesquelles il y a des frères et des soeurs "typiques" et bien que apparemment ce soit des familles un peu "plouc" personne n'a trouvé une cause.

En gros, comme je le disais, à ces âges, ils se comportent comme des petits animaux et pour les avoir réunis sur le tapis le matin, il faut littéralement les tenir avec la force de tes bras -- autrement dit, à la fin t'as une tendinite si t'es comme moi, haha. Je ne vais pas vous faire saliver plus longtemps, c'est de cette façon que je me suis retrouvée tout soutif dehors, à la vue de chacun. Le gosse, à moitié couché sur moi, était tout énervé que je le remette dans sa chaise pour la vingtième fois, qu'il a décidé qu'il allait me tirer sur le tee-shirt et bam, ça a fait des chocapic  mes sous-vêtements n'avaient plus de secret pour personne.
Un peu plus tard, un autre enfant a décidé qu'il serait vachement plus à l'aise nu, donc il s'est foutu complètement à poil puis il est allé sautiller sur le trampoline jusqu'à ce que ma collègue remplaçante et moi-même ramassions ses fringues et sa couche (propre, heureusement) et le rhabillions de force. Ce même gamin aime beaucoup grimper, et l'aide maternelle, dans le genre obèse, avait chaud donc a ouvert la fenêtre... je vous laisser deviner la suite, il a failli passer par dessus bord! Mon Dieu, j'ai eu des gouttes de sueur de la taille de balles de golf! Plus tard, il a mangé du papier toilette et aussi du désinfectant à mains. Je me suis affolée mais apparemment c'est pas la première fois, et comme il est encore en vie, personne ne s'inquiète.

Aussi, ils poussent des cris, n'aiment pas marcher en chaussures ni chaussettes et donc glissent quand ils courent partout et tentent d'escalader les meubles (celui qui m'a mordu est allé essayer d'attraper ma montre sur l'étagère du haut, incroyable!), et l'un des élèves avait un tic qui est malheureusement fréquent chez les enfants autistes : il se frappait au visage avec des objets. Apparemment, ça lui soulage de l'angoisse, mais bon ça fait mal donc après il pleure et moi ça me brise le coeur de voir qu'il n'arrive pas à s'empêcher de se faire du mal. Ce même enfant a décidé que non, il n'avait pas envie d'arrêter de jouer avec les faux légumes en plastique quand c'était le temps de passer au travail -- les enfants autistes réagissent très mal à la transition -- et donc il a envoyé au sol toutes les bassines avec des jouets... Puis les autres ont marché dessus et trébuché, et moi je regardais ma collègue avec un air ahuri et on avait envie de se pendre.

A la fin de la journée, je me suis écroulée dans la voiture quand Mr-mon-Mari est venu me chercher et j'ai décidé que le lendemain j'allais prendre un jour de congé bien mérité. Je plains la prof titulaire de cette classe, car l'aide maternelle m'a dit que bien qu'elle soit hyper-formée pour la section spéciale et l'autisme, y'a inévitablement des jours "sans" et que parfois elle est bien obligée de les laisser courir toute la journée car y'a vraiment rien à faire, ils sont très imprévisibles.
Si y'en a de vous qui ont eu des interactions avec des jeunes enfants autistes, je veux bien entendre vos histoires et si possible vos "trucs" ou conseils!

mardi 11 octobre 2011

Ma petite journée bien sympa

Ce matin, je ne travaillais pas. Je suis restée à la maison, à glandouiller et franchement c'était génial. On apprécie pas assez ces moments à ne rien faire quand on n'a rien à faire toute la semaine, sauf aller à la gym. Héhé, oui, il fut un temps où je vivais comme une de ces femmes riches qu'on voit à la télé, à m'occuper de mes ongles et de mon derrière, mais sans l'argent bien sûr -- malheureusement cette période de ma vie est belle et bien finie, snif. 
Je commençais à 1 heure dans une école maternelle où j'avais déjà travaillé, donc je suis partie de chez moi à midi, enfin vite fait parce-que évidemment j'étais en retard, et j'ai presque couru pour attraper le métro. 

Le métro de Baltimore, contrairement à ce qu'on pourrait penser, est plutôt bien fréquenté tant qu'on y est avant 22 heures. En revanche, il n'y a qu'une seule ligne, qui va du nord au sud, et vice versa. Donc peu d'écoles sont desservies par le métro, alors quand je peux aller au boulot sans devoir me faire déposer (car mon permis ne m'autorise pas à conduire seule, c'est une loi de cet état pour les nouveaux permis) c'est un vrai miracle. Mr-mon-Mari, lui, a une station de métro quasi au pied de son école donc quand il ne doit pas me déposer quelque part, il l'utilise : ça lui évite d'être coincé dans les bouchons à son retour. En effet, ici, les bouchons c'est tous les jours, matin et soir, et encore c'est pas à moitié aussi horrible que Washington DC. 

Arrivée à ma station de destination, j'écoutais de la musique et j'ai loupé la rue dans laquelle je devais tourner pour me rendre à mon poste (alors que c'était à deux rues du métro), et nonchalamment je marchais tout en buvant mon lait chocolaté (hé on se moque pas, j'avais pas eu le temps de faire un café, rapport à mon départ en retard) quand je me suis aperçue que j'étais ... perdue. J'ai regardé ma montre puis j'ai appelé Mr-mon-Mari, qui a littéralement un GPS intégré dans son cerveau qui valait trois milliards. Il s'est moqué d'abord, puis après il m'a juste dit de faire marche arrière et que j'allais tomber sur le panneau de la rue. 

La prof était encore là quand je suis arrivée, elle avait une réunion et donc on a parlé un peu. Elle avait un accent british -- si vous ne le saviez pas, j'adoooore l'accent british -- donc je lui ai dit qu'on était pratiquement voisines et elle aussi, son mari est américain, c'est pour ça qu'elle a émigré y'a quatre ans. 
Sa classe était la section spéciale pour les maternelles et j'avais des élèves handicapés : des enfants nés avec un problème au moment de la naissance, un petit garçon sourd appareillé dont le nom est Reese (oui, exactement comme le fils de Docteur Benton, c'était bizarre!), une paire de jumelles africaines-américaines trisomiques... 
J'ai une tendresse toute particulières pour les gamins trisomiques. J'ai travaillé 7 ans pour le même Centre Aéré et pendant quatre ans de suite j'avais un adorable trisomique dans mon groupe : même s'il avait largement dépassé l'âge d'être avec les enfants de mon niveau, il s'était attaché à moi (et inversement) et la direction, pour avoir la paix, faisait une exception. 
Ces jumelles sont d'ailleurs venues spontanément s'asseoir à côté de moi sur le tapis, avec un grand sourire, posant leurs petites mains potelées sur mes jambes croisées. Adorables! Elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau par contre, et comme seule la couleur de leur tee-shirt était différente, y'a bien un moment où je me suis perdue dans les noms (qui se ressemblaient aussi, mais dites-donc les parents, vous pensez un peu aux profs, oui???) et où j'ai du leur demander qui était qui. 
En bref, on est allés en récré, on a fait de la lecture (très difficile et j'ai eu un moment de "tu pues du cul comme prof" parce que je ne sais pas comment les enseigner, si je dois utiliser une autre technique ou pas et j'avais que deux élèves qui répétaient après moi...) et après y'a deux thérapeutes qui sont venues pour faire des groupes d'apprentissage spécifique et c'était déjà la fin de la journée. C'était biiiiien, j'aime bien travailler avec des élèves "spéciaux" donc j'espère que je pourrais retourner dans cette classe une autre fois. 

Demain, j'ai une classe de moyenne section et grande section d'autistes dans une autre école, toute la journée. Donc ce soir, faut que je dorme! Allez zou, je file!  

lundi 10 octobre 2011

Rhume, le troisième.

La maternelle, c'est la boîte de Pétri à taille humaine.
Je vous le donne en mil, j'entame mon troisième rhume et ce matin, alors que j'allais pour remplacer dans une classe de grande section, j'avais la tête dans le pâté mais je vous passe les détails glamour, c'est bientôt l'heure de diner.
J'me suis fait violence, je suis quand même allée : pauvres enfants, ils n'auraient eu personne si j'avais annulé deux heures avant le début de la classe. A tous les coups, c'est un maternelle de grande section de jeudi dernier qui m'a refilé ça : même si je me promène avec un spray anti-bactérien et que je me lave les mains plus souvent qu'un malade atteint de TOC, y'en a toujours un pour me tousser à la goule pile quand je lui fais son lacet, ou éternuer directement dans mon nez quand je lui explique qu'un 2 a la bosse à droite et non à gauche. Bref, comme dirait Mr-mon-Mari, je fais mon immunité.
Quand j'ai fait mon année de stage en collège en 2009-2010, j'ai pas été spécialement malade, mais je connais des profs de collège voire lycée en début de carrière qui enchainent les infections. Bah, on va dire que ça me fera un point commun de plus avec mon amie F, qui est prof de maternelle en France et qui avait, elle aussi, pris un abonnement aux pastilles pour la gorge lors de sa première (voire deuxième?) année en tant que titulaire. Qui veut me chanter la chanson Ricola???

Jeudi donc, je suis allée dans une école dont la réputation était... abyssale. Eh bien, j'ai probablement eu devant moi la meilleure classe de maternelle de tous les temps! Comme quoi. Les élèves étaient adorables et l'assistante, un vrai ange. On a tous bien travaillé et même si le niveau est plus bas que dans des écoles mieux notées, leur comportement était exemplaire. Y'a même des moments où je me suis bien fendue (ça arrive rarement quand tu es remplaçant parce que tu n'as pas le temps de connaitre tes élèves), surtout quand un des gamins est revenu des toilettes avec son polo à l'envers (???), puis plus tard quand j'ai expliqué à deux filles que si elles continuaient de tirer sur les bras de leur copain, il allait finir par les avoir très très longs et il serait forcé de marcher comme un singe... Voilà que la moitié de la classe s'est mise à l'imiter et à marcher avec leurs bras aux genoux!
D'après ce que j'ai pu voir du reste de cette école, la discipline était de mise et décidément, c'est un endroit où j'aimerais travailler à nouveau.


Aujourd'hui, en grande section, je n'avais malheureusement pas d'assistante avec moi. Elle était là, mais quand elle a vu que c'était une remplaçante, elle a vite filé... Peur de devoir trop travailler, je présume. Cette école se situe dans une banlieue aisée (autant dire une école totalement blanche), non loin de là où vit le grand-père de Mr-mon-Mari. Je suis d'ailleurs passer lui dire bonjour, à pied, c'est dire à quel point c'est près. Cela dit, j'ai trouvé les enfants un peu, comme dire, trop gâtés par rapport à leurs camarades venant de milieux plus modestes, et parfois même un poil suffisants - à savoir qu'ils n'ont que 5 ans - ils ont tout, ils savent tout, ce sont eux le chef à la maison, et bla bla. Le niveau académique était relativement élevé et la prof titulaire ne m'avait pas laissé assez de travail, donc j'ai improvisé un peu (je lui ai laissé un mot disant qu'elle allait trouver du travail en excès dans ses paniers) et j'ai même fini par adapter le jeu du Facteur en anglais : ils ont adoré!

Ils sont mimi avec leurs couettes et leurs converses mais ils étaient bien chiants quand-même :
*j'ai supporté malgré moi (et mon mal de tronche pleine de morve) une petite blondinette totalement obsédée par Justin Bieber -- oui et même qu'ils se sont mariés d'abord hein, mais bon après ils ont rompu parce-que mine de rien il a une carrière ce gars-là, il n'a pas que ça à faire, ho qu'est-ce que vous croyez!
*et j'ai aussi découpé des étiquettes à la place d'un petit qui n'avait jamais vu une paire de ciseaux de sa vie. Ni un tube de colle apparemment, vu qu'il a confondu la feuille et ses mains.
Mon moment clé fut quand, sur le tapis, nous lisions une histoire de squelettes et momies pour Halloween et que, soudain, un élève lève la main comme s'il avait la chose la plus importante du monde à nous faire partager. Voyant son air impatient que limite il allait se pendre avec son tee-shirt si je ne lui donnais pas la parole dans l'immédiat, je pointe dans sa direction, demandant le silence complet. Et là, roulements de tambour, il ouvre sa bouche édentée pour nous dire que...  son père est né au Kansas.
FA-SCI-NANT.

Demain, je ne travaille que l'après-midi, Halléluiah.

Mais que se passe-t-il donc dans le couloir ?

C'est fou ce que le couloir attire les élèves! Genre, c'est totalement magique et on peut y faire ce qu'on veut (alors que dans les écoles, toutes les portes ont une vitre et que la plupart du temps il y a des caméras dans les couloirs...) Vendredi, je suis allée remplacer une prof d'anglais dans un collège. Elle était là, mais comme elle travaillait sur un projet pour le comté avec d'autres profs, elle avait besoin de quelqu'un pour s'occuper de ses classes. J'aime bien ces situations où je peux en fait rencontrer le prof le matin-même et avoir de plus amples renseignements que la feuille qui est, en général, laissée sur le bureau. Ses classes étaient soit des 6th graders (des 6èmes) soit des 7th graders (des 5èmes). Les deux classes travaillaient sur une oeuvre littéraire et donc nous avons continué le travail : les 7th graders ont avancé dans leur pièce de théâtre - je désignais les rôles et m'assurais que ça ne rie pas trop pour rien, tandis que les 6th graders révisaient intensivement pour des présentations orales basées sur leur livre. En groupe de 4 ou 5, ils avaient monté une sorte de talk-show (du style Oprah ou Judge Judy, pour ceux qui connaissent) mais évidemment, c'est pas gégé de répéter tous dans la même salle car on ne s'entend plus. J'ai donc partagé les groupes dans différents coins, et j'ai autorisé un groupe à aller dans le couloir, pour diminuer le niveau sonore... Alors là, que n'avais-je pas dit! Tous les groupes ont voulu aller dans le couloir, tels des mini Indiana Jones en quête du Graal. A croire que c'est le repère des gens hype. Montre en main, nous faisions des roulements de 10 minutes par groupe, et il fallait voir la tronche de ceux qui avaient peur de ne pas pouvoir aller dans le couloir... J'avoue que je ne comprends pas bien l'intérêt : les profs ont la plupart du temps leurs salles ouvertes, et j'étais assise dans l'encadrement de la porte pour pouvoir à la fois surveiller l'intérieur et l'extérieur de la salle. Donc ce n'est pas comme s'ils étaient seuls et qu'ils pouvaient en profiter pour parler du dernier petit minet en vogue qui chante comme un pied sur youtube ou autre. M'enfin, y'a quand même un groupe qui a réussi, alors que j'avais tourné la tête trois secondes et demi, a faire entrer une des élèves, très menue, en entier dans un casier! Je ne me suis pas offusquée verbalement, mais je leur ai fait mon fameux regard (pour Gael : un jour je prendrai une photo), jusqu'à ce que toutes concentrent le leur sur leurs chaussures. C'est pas très malin, un élève de 12 ans, puis ça rit comme une chèvre qui fait une syncope à chaque fois qu'il se passe un truc même pas drôle dans la classe : un copain qui éternue, un autre à qui je demande de lire qui a la voix de Barry White, quelqu'un qui fait tomber son crayon... Ils croient qu'ils sont discrets, mais y'a pas plus voyant qu'un petit mot passé en douce ou bien un classeur ouvert sur les genoux pour faire autre chose. De toute façon, quand on lit ou qu'ils font un travail indépendant, je m'installe au fond de la classe, d'où je vois TOUT. Et là, surtout quand je fais claquer mes talons sur le carrelage, ça rigole déjà vachement moins.
Et vous, les profs ou aspirants profs, vous avez des techniques???

Sinon, la journée m'aura appris deux choses un poil étrange :
1. je suis "good looking" pour une remplaçante (entendu dans mon dos quand j'arrivais des toilettes - bah oui quoi, un prof ça parle donc ça boit donc ça fait pipi), humm est-ce que tous les remplaçants sont normalement laids???
2. ma côte de popularité a nettement augmenté quand j'ai sorti mon e-reader, et à entendre les élèves, c'est pour les gens qui sont vachement cool.
Bah voilà, jsuis vachement cool pour une remplaçante.
J'vais aller voir dans le couloir si j'y suis, tiens.

mercredi 5 octobre 2011

Quand t'es prof (remplaçant ou pas), le soir t'es trop crevé pour t'épiler les jambes

Oui, c'est un fait, je rentre chez moi vannée et quand j'arrive miraculeusement à m'auto-forcer à trainer mon derche à la gym, je remercie le ciel de m'avoir donné un mari aussi grandiose qui fait la vaisselle et la cuisine pendant que je sue comme un rat au club. Pour un récit de vie glamour, vous repasserez.
Le rattrapage du Petit Journal sur le site internet de Canal, tu oublies aussi parce-que évidemment t'as trop la tête dans le pâté pour supporter les effets d'un écran d'ordi sur ta migraine déjà bien installée. Alors ne parlons même pas du bruit que ferait un épilateur électrique!  

Aujourd'hui j'ai remplacé une prof de CP (First Grade) dans l'école où je devais travailler toute la semaine pour une autre classe de CP. En arrivant, j'ai découvert que j'avais une prof stagiaire avec moi et que donc j'allais pas avoir grand chose à faire. J'avoue que je l'ai un peu enviée, car ça m'a rappelé mon année de stage et ce que j'ai ressenti la première fois que l'un de mes maîtres de stage était absent et que je pouvais (enfin!) faire cours sans me sentir observée. Elle a donc tout géré, comme prévu (la prof titulaire m'avait laissé un mot), moi n'étant que la présence légale dans la salle. Certains penseront "Youpiii, je me repose" tandis que d'autres, comme moi, voient là la journée la plus ennuyeuse du monde. J'aime pas ne rien faire, surtout quand ça n'implique pas la possibilité de regarder des vidéos débiles de David Hasselhoff sur youtube.

L'école où j'étais est une bonne école, se trouvant dans une banlieue résidentielle de classe moyenne. Les élèves sont tous africain-américains, sauf pour quelques hispaniques, mais les profs sont en écrasante majorité blancs.
Point culturel : aux US, contrairement à la France et notamment Paris, plus tu t'éloignes du centre-ville, plus tu vas dans les coins aisés voire riches. Cela s'explique par l'absence de transport public (une plaie) et donc les gens qui ne peuvent pas s'offrir une voiture vivent en ville, de façon à pouvoir aller au travail à pied et/ou en prenant le rare bus qui circule dans deux ou trois rues. En contrepartie, les gens aux situations plus confortables ne veulent pas se mélanger aux "pauvres" et surtout ne veulent pas que ces "pauvres" puissent venir "ternir" leur jolie banlieue et décident donc de s'exiler le plus possible des rares zones desservies par une quelconque forme de transport public. Les écoles du centre-ville, exception faite des écoles et académies privées, sont de très mauvaises écoles, et je ne me suis pas inscrite comme prof remplaçante dans le comté de la ville (comme Baltimore est pas mal grande, elle a un comté à elle seule) car je tiens fortement à ma vie. Bien sûr, il existe aussi beaucoup d'écoles de banlieue qui accueillent une population défavorisée car elles se situent dans les zones des "projets d'habitation": ces projets sont des groupements de maisons souvent accolées qui sont financées par la ville et où sont placées les familles à revenu très bas. Ces projets peuvent s'apparenter aux HLM français, sauf qu'on y trouve surtout des familles dont l'histoire est marquée par la drogue et la grande violence, d'une façon ou d'une autre. Cela dit, on ne fait pas pire que les écoles du centre-ville.

Dans la classe, il ne s'est pas passé grand chose. Les bonnes écoles ne sont pas vraiment la matière de choix pour pouvoir raconter des anecdotes. Deux élèves ont pleuré parce qu'ils ont dû bouger leur nom sur le tableau qui montre leur comportement dans la journée et sont passés de vert à orange puis rouge (les parents reçoivent un récapitulatif le soir, donc ils avaient certainement honte!) mais tous ont fait leur travail quand demandé, même s'il a fallu en mettre trois autres contre le mur pendant les 3 premières minutes de récré.
Pour ceux que ça intéresse, je confirme qu'ici aussi ils sont repassés à la méthode des syllabes pour apprendre la lecture. En anglais on appelle ça "phonics", autrement dit on utilise les sons que produisent les lettres et les groupes de lettres pour pouvoir déchiffrer un mot et en lire de nouveaux. Chaque matin, ils apprennent un nouveau son. Au programme de leur journée, il y a aussi une heure de maths, une demi-heure de science et une classe d'une heure avec un autre prof (arts plastiques, musique ou sport en fonction du jour), mais la lecture domine vraiment. Ce qui m'a paru bizarre, c'est le fait de travailler beaucoup sur le tapis, en face du tableau. Je ne trouve pas évident de bien apprendre à lire en étant assis en tailleur par terre, un livre de lecture sur les genoux, car les enfants sont sans cesse distraits par le voisin qui leur met un coup sans faire exprès, celui de devant qui se penche un peu trop en arrière, le livre qui tombe au milieu des genoux et donc se referme, etc.  Peut-être suis-je trop habituée au système français, avec des élèves en rang d'oignon bien droits face au tableau?

Autre truc intéressant, cette école est maintenant équipée de tableaux interactifs (qui ont été installés devant les tableaux à craie, dont on ne se sert quasiment plus), qu'on utilise avec un ordinateur et un stylet : bah franchement ça déchire!

mardi 4 octobre 2011

La journée de la louze avec mes élèves puduc

Hier, j'étais en poste en collège de banlieue. Je remplaçais la prof d'anglais (que l'on appelle ici en collège, language arts "art de la langue") de la section "spéciale" de l'établissement.

Dans presque tous les établissements publics, il y une section spéciale, appelée special education. Cette section peut soit signifier des élèves en grande difficulté académique (et donc très très en retard sur le programme) soit des élèves ayant des problèmes de comportement (notamment violence physique et verbale) soit des élèves ayant des handicaps, soit une combinaison des trois précédents.
Ce poste était un choix : en effet, les profs remplaçants ne sont pas désignés pour aller dans une école, mais choisissent parmi une liste de postes disponibles (constamment mise à jour). J'avais déjà enseigné en section spéciale, où tout c'était passé à merveille et où on m'avait même demandé de laisser mes coordonnées pour me contacter directement en cas d'absence de l'enseignante titulaire.

Quand je suis arrivée, en avance afin de pouvoir prendre connaissance de ma salle, de me familiariser avec l'école, de regarder un peu le plan des cours, et bien il n'y avait pas de plan de cours! La secrétaire, du genre ultra-taciture, m'a donné un petit dossier avec l'emploi du temps de la prof (qui s'est révélé faux) et un plan de l'école. Il m'a fallu dix minutes pour trouver les toilettes des profs, à savoir que cette école est construite sur 3 étages et avec une architecture un peu douteuse sous forme de recoins... Il y a donc pas mal de salles de classe sans fenêtre. Je ne sais pas vous, mais je trouve extrêmement difficile de travailler "bien" dans une salle sans fenêtre, j'ai besoin de la lumière du jour. La secrétaire m'a aussi remis un badge avec mon nom, à porter constamment autour du cou : dans les écoles qui craignent un peu, tout le monde doit pouvoir justifier de sa présence et être reconnaissable à tout moment. Sur le même modèle, beaucoup de portes sont fermées à clé de l'extérieur, or on ne donne jamais un jeu de clés aux remplaçants (vive la confiance) donc à chaque fois que tu veux aller te prendre de l'eau en salle des profs, il faut trouver un collègue avec la clé... Car oui, si la salle des profs n'était pas fermée à clé, les élèves y entreraient et se serviraient dans le frigo ou iraient sécher les cours sur le canapé.

Arrivée dans ma salle, il n'y avait rien à l'endroit où j'étais supposée trouver le plan du cours. Ni cours, ni liste d'élèves, ni même un bureau, en fait. Deux autres profs trainaient dans la salle, donc tout naturellement je leur demande s'ils savent où Mrs H laisse habituellement ses affaires, mais ils ne savent pas, et ne font même pas semblant de vouloir m'aider. Je redescends donc au secrétariat, la secrétaire appelle finalement un autre type qui lui, apparemment, sait, mais personne ne trouve ce type et il ne répond ni au téléphone, ni à l'intercom. Ça commence bien, ma première classe arrive dans 5 minutes... Je préviens la secrétaire que je ne vais pas attendre ici mille ans, qu'il faut bien accueillir les élèves et que donc ça serait cool si elle pouvait m'envoyer l'autre type. Il arrive dans ma salle, lent comme une limace, alors que mes élèves sont déjà installés. Heureusement, ce groupe était très calme et je dois dire qu'ils n'ont pas pipé mot pendant tout le cours. L'assistante (en section spéciale, certains élèves ont une assistante ou aide personnelle avec eux pour les "manager" tout au long de la journée) m'a dit à la fin du cours qu'elle ne les a jamais vu aussi calmes. Je pense qu'ils ne sont pas habitués aux remplaçants.

Mon deuxième cours arrive, je rejoins ma salle pour y trouver une prof qui me dit que non, c'est sa salle et que je suis probablement au troisième étage. Encore un voyage au secrétariat, si j'avais su j'aurais apporté mon skateboard. Les deux secrétaires se concertent et découvrent après dix minutes que Mrs H n'a, en fait, pas cours à cette heure-ci. Tant mieux, car j'étais bien en retard! Je m'exile en salle des profs et en profite pour regarder les cours laissés pour les autres classes.

Quand vient le moment de mon troisième cours, il faut que j'aille chercher ma classe directement à la cafétéria. Nous arrivons dans une salle sans fenêtre et les élèves sont déjà bien excités. Bien sûr, certains élèves ne m'ont pas suivi à la cafétéria ("mais je savais pas que c'était elle, la prof") et sont arrivés en retard. L'assistante d'éducation me prend à part dans le couloir et me fait la liste des élèves violents et qui s'énervent facilement, ce qui ne change rien pour moi car je ne connais pas leurs noms et je n'ai pas envie d'avoir peur de dire quelque chose. Je commence à distribuer le travail et à expliquer ce qu'il faut faire quand une élève arrive, ne dit pas bonjour, pose ses affaires, me regarde avec dédain et sort de la salle. Selon les autres élèves, elle n'aime pas les remplaçants, surtout quand ils sont blancs, et préfère donc ne pas venir au cours. Cette élève n'est jamais revenue, je n'ai aucune idée d'où elle était et je remercie le ciel que nous n'ayons pas eu un exercice incendie pendant le cours, car j'aurais eu bien des problèmes avec l'administration. Cette élève est finalement venue en deuxième heure, après qu'une autre prof blanche lui ait parlé. Elle a fait son travail, sans qu'on lui demande rien, s'est bien tenue et n'a pas bavardé, mais n'a pas osé me regarder... Je sais qu'elle s'est sentie mal d'être partie du cours en m'ayant jugée aussi rapidement.

Si vous n'êtes jamais venus aux US, et plus particulièrement dans une ville ou une zone majoritairement noire, c'est difficile de comprendre le ressentiment qu'il existe entre noirs et blancs. Beaucoup d'élèves noirs, parce-qu'ils entendent leurs parents avoir de la rancoeur, n'aiment pas que "des blancs leur disent quoi faire". En tant qu'enseignant blanc et jeune et femme, ce n'est pas facile de se positionner face à un groupe d'élèves où tous sont noirs.

Cette classe a eu du mal à se mettre au travail la première heure. Ils ont honte de lire à haute voix car ils ne lisent pas bien, mais si personne ne dirige le travail, hé bien ce travail n'est pas fait, donc j'ai fait la lecture. Et il y avait beaucoup de lecture! Ils ont cru que je venais d'un autre état : je pense qu'il y a quelques mots que j'ai prononcé bizarrement, et à la fin du cours j'ai autorisé qu'on parle d'où je viens. Ca les a captivé, peut-être que j'aurais du commencer par ça!
En général, les élèves ne remarquent pas que l'anglais n'est pas ma première langue, et rarement un prof -qui parle un peu plus longtemps que la normale avec moi - me demande d'où je viens car il ou elle a entendu "un léger accent" (je cite). Si je fais des fautes de grammaire (et je sais que j'en fais encore), on ne me le fait pas remarquer : j'aime cet esprit de tolérance bien américaine, dans un pays habitué à ce que l'anglais ne soit pas forcément la langue primaire de communication des gens. Ça, c'est ma grosse peur face aux élèves, car je sais que des collégiens en profiteraient un max pour casser ma crédibilité. Je n'ai pas encore eu l'occasion de faire un remplacement de français (ça me démange!) donc en cours, où je ne parle qu'anglais, je me surveille constamment. C'était d'autant plus difficile à mes débuts en maternelle car je ne parle pas "l'anglais des enfants", j'ai donc appris de nouveaux mots mais je continue de leur parler avec des mots d'adulte.

Dans cette même classe difficile, un élève a du nous quitter : en effet, il voulait se moucher le nez dans le couloir (ici, si on ne peut pas aller dans le couloir pour se moucher, on s'isole au moins dans un coin, puis après on va se désinfecter les mains) mais comme ça lui a pris 20 minutes et qu'à chacun de mes appels il m'ignorait, il s'est fait chopé par un administrateur qui passait par là et l'a embarqué au bureau. Il n'est pas revenu en deuxième heure. Ce même élève avait, quelques instants plus tôt, accusé l'assistante d'éducation de l'avoir humilié devant le reste de la classe lorsque celle-ci a pointé qu'il n'avait répondu qu'à 3 questions alors que son voisin était déjà rendu à la douzième. Il a alors répondu au pif (c'était du choix multiple) en quinze secondes et est venu me tendre sa feuille. Nous avons parlé un peu, je lui ai dit que la compétition et la rapidité ne m'intéressaient pas mais que les réponses exactes, en revanche, étaient ma priorité et il a accepté de réviser ses réponses. Malheureusement, comme il n'est pas revenu en cours après l'épisode du mouchage qui durait, il n'en n'aura jamais eu l'occasion.

En deuxième heure, l'activité de lecture s'est mieux passée mais là encore il y a eu beaucoup de bruit, de bavardages, de "jme balance sur ma chaise", de "j'ai pas envie", de conversations à propos de leurs parents qui apparemment sont tous à la ramasse, de moqueries d'autres élèves de la classe et même un portable sorti d'une poche comme par magie. Mon truc, qui marche habituellement avec mes autres classes, c'est de m'arrêter net, de croiser les bras et de leur faire mon regard glacial. Je n'aime pas hausser le ton, encore moins devoir crier ou taper sur la table comme un juge. Mais là, rien de tout ça n'a marché...

A la fin de ma journée, je suis allée en salle des profs (si l'enseignant que je remplace à sa propre salle, en général j'y reste, rapport au bruit horrible que font les photocopieuses en salle des profs) pour lire (=me reposer le cerveau) et remplir mes rapports de cours. En gros, les élèves (même ceux qui avaient la glande) ont tous été respectueux : je veux dire par là que je n'ai ni été insultée, ni menacée -- choses qui arrivent souvent aux remplaçants, à ce que j'ai entendu, mais pour l'instant je touche du bois -- et que la plupart d'entre eux ont quand même fait un peu de travail. Mais globalement, ils ont été difficiles à gérer et ont usé mon énergie qui aurait été mieux mise en avant dans une autre école. Le plus rédhibitoire a été la très mauvaise organisation de cette école, avec un personnel lent, mou et peu agréable.
A l'heure qu'il est, j'ai décidé de ne plus accepter de poste venant de cette école.

Jour de repos

Aujourd'hui, je ne travaille pas. C'est un concours de circonstances, la prof de CP que je devais remplacer toute la semaine ayant annulé au dernier moment... Ça m'a attristé, je n'avais pas encore eu de classe de CP. Mais bon, ça me permettra peut-être de me reposer de ma dure journée en collège d'hier! Post à venir...


Je précise, pour les mauvaises langues, que quand je ne travaille pas, je ne suis pas payée (la malheureuse vie des remplaçants)!

Une journée en Maternelle

Vendredi dernier, j'ai passé la journée en école maternelle, dans ce qui correspondrait à une classe de Grande Section mais qu'on appelle ici Kindergarten. Pour info, il n'existe aux US qu'une seule classe de maternelle, les classes d'avant étant appelées Pre-K(indergarten) et regroupant des enfants entre 3 et 5 ans. Bien que le Pre-K soit de plus en plus intégré aux écoles, il y a encore quelques années il s'agissait d'une institution complètement à part et privée (autrement dit, les parents payent des frais de "scolarité" à l'année), et très souvent rattachée à une église. On trouve maintenant des Pre-K publics avec de vrais profs. 

Ma journée était très "bougeante" car ma classe était de 25 élèves de 5 ans, wahou! et j'avais une aide maternelle avec moi le matin, heureusement, qui m'a préparé plein de trucs comme les tables pour les ateliers et tout ça. 
Tout au début à l'arrivée (ils ont un peu de temps pour arriver, ce n'est pas très strict) ils peuvent lire et faire des puzzles et discuter calmement, et aussi certains peuvent amener un petit déjeuner et/ou acheter le petit dej de la cafétéria et manger à table. Vers 9h, il y a les annonces du matin en vidéo (faites par des enfants de l'école) et le Principal (on ne l'appelle pas Directeur) dit bonjour et de bien travailler, et puis on est tous sur le tapis, on chante la chanson du matin, on fait l'appel, on dit la date et la météo, on compte combien d'élèves sont là et depuis combien de jours on est en classe. J'ai prévenu mes élèves que j'allais probablement faire les choses différemment de leur prof habituel. Je leur ai donné mon nom, mais comme tous les élèves de maternelle et/ou primaire que j'ai eu dans le passé, ils ont du mal à s'en souvenir et à le dire correctement (bien que ce soit un nom qui sonne vraiment très américain) donc en général je leur demande de m'appeler Miss M, ou Mrs. M (la première lettre de mon nom). Je sais qu'en France, les profs de maternelle se font souvent appelés par leur prénom, mais là encore c'est difficile dans mon cas, car mon prénom est très français. Mais passons ces détails perso! 

Le matin, ils font du travail en groupes et les groupes tournent sur différents ateliers. Mais pendant une heure avant ça, ils vont dans une autre classe pour faire arts plastiques ou musique ou gym donc le prof (moi) a un temps de préparation des cours. Ce qui n'a pas été négligeable étant donné que quand on est remplaçant, on trouve souvent une espèce de plan de cours bidonné à la va-vite et laissé sur le bureau. J'en ai aussi profité pour aller utiliser les toilettes, car cette école (dans laquelle j'ai travaillé plusieurs fois, mais j'y reviendrais) n'a qu'un seul WC pour prof femmes , qui se trouve assez loin de la section Kindergarten. J'en ai aussi profité pour discuter un peu avec mon aide maternelle, qui était très sympa mais surchargée de travail étant donné qu'elle se partage toute la journée entre 4 classes de maternelle! 
Quand est venu l'heure du déjeuner (une pause de seulement 30 minutes, donc tous les enfants mangent à l'école), j'ai escorté ma classe jusqu'à la cafétéria, où ils peuvent soit manger ce qu'ils ont apporté dans leur lunch box, soit acheter le plat du jour. Les élèves reçoivent un calendrier mensuel avec les menus, de façon à pouvoir prévoir les jours à apporter de l'argent si un plat leur plait. Ce vendredi, c'était quesadilla au fromage, donc beaucoup d'enfants avaient apporté un peu d'argent. Je suis revenue dans ma salle en quatrième vitesse, car c'est aussi mon temps pour déjeuner. 
Après les avoir récupéré à la cafétéria, nous sommes passés par la case WC : deux élèves (une fille et un garçon) sont désignés chaque semaine comme responsable de WC de leur sexe respectif, ils vont donc faire pipi en premier, puis attendent devant la porte en règlementant l'accès à un maxiumum de 4 élèves à la fois. Moi, j'attends entre les deux portes avec un flacon de désinfectant à main, qu'il faut distribuer joyeusement car c'est la politique de l'école (=on économise du papier, et le temps que ça prendrait aux enfants de se laver les mains avec de l'eau et du savon, ainsi que la perspective de, peut-être, jouer avec l'eau et le papier puis le laisser par terre...). Dans le même temps, un responsable de fontaine à eau règlemente l'accès des élèves à la fontaine pour boire un peu sans se mettre de l'eau partout au menton. Cette "balade" aux toilettes aura pris, mine de rien, 20 minutes de notre temps. Une fois tous les enfants ayant vidé leurs vessies, nous allons en récré. Il n'y a pas de récré le matin. Puis nous revenons dans notre salle. Il faut le dire, en gros, l'après-midi les élèves ne font presque rien. Il y a encore quelques années, Kindergarten n'existait que le matin mais comme les parents travaillent, maintenant c'est aussi l'aprèm). Après la récré, c'est la sieste ou "temps calme" : les enfants ont des couvertures dans leurs casiers et des peluches, qu'ils peuvent aller prendre et ils se couchent par terre sur leurs couvertures, on met un peu de musique classique et ils se reposent. Trois de mes élèves ont dormi, dont un que j'avais exilé à côté de mon bureau parce qu'il faisait l'idiot avec son copain, sauf que j'ai oublié de le réveiller quand j'ai mis la vidéo pour les autres et je ne peux pas croire qu'avec le bruit et la lumière et tout, il a continué de dormir! Après la vidéo, on travaille un peu de façon interactive (je leur parle de la vidéo et leur pose des questions, en gros c'est une vidéo "spéciale" qui résume le thème d'apprentissage de la semaine, qui était les 5 sens). Ensuite, on prend le goûter à l'intérieur (les enfants amènent leur goûter) puis on refait un peu d'ateliers (mais plus cool que ceux du matin) et puis c'est déjà l'heure d'aller prendre le bus! La majorité des enfants prennent le bus. Il y a différents bus qui vont à différents endroits, et un responsable de bus de l'école primaire (un CM1 ou CM2) vient chercher les enfants pour les escorter quand la couleur de leur bus est appelée. 

Le moment le plus "rigolo" de ma journée fut quand l'un de mes élèves, un petit garçon qui teste actuellement un nouveau médicament pour l'asthme (il y avait au moins 5 élèves asthmatiques dans ma classe, vive la pollution...) m'a dit trop tard qu'il voulait aller aux WC (son nouveau médoc lui donnant envie de faire pipi très souvent, je le laissais aller toutes les 15 minutes) et est venu me dire à son retour des dits WC qu'il avait fait quelques gouttes dans son slip... joignant le geste à la parole (très spontané, comme tous les enfants), il a baissé son pantalon en classe afin que nous puissions tous profiter de la vue de son zizi! Heureusement, j'ai ravalé mon sourire et ai réagit rapidement pour lui remonter son pantalon! Nous avons finalement trouvé ensemble qu'il avait un slip de rechange dans son casier, et il est allé se changer aux toilettes. Plus de peur que de mal!