mardi 22 novembre 2011

Des niouzes - et oui, j'ai honte!

Honte de ne pas être venue écrire depuis un bail, tu parles d'un journal de prof si je viens pas relater mes expériences et autres catastrophes! Comme je le disais déjà auparavant, à chaque fois que je fais un remplacement en maternelle, je finis malade comme un clébard, donc évidemment y'a quinze jours ça n'a pas manqué, UNE journée avec une classe de grande section et paf, j'avais la crève comme en 40, mon nez était un robinet fuyant rouge et irrité alors que Mr-mon-Mari et moi devions aller passer le weekend à Princeton, dans le New Jersey. Mr-mon-Mari était invité à deux jours de conférence durant lesquels il a plus ou moins servi de cobaye pour fabriquer les examens de certification de prof de musique et décider des scores minimums. Hop, j'ai filé acheter des boites de mouchoirs anti-viraux de la marque qui commence avec un K, j'ai fait la valise et on a filé : j'allais quand-même pas manquer l'hôtel de luxe en pension complète tout frais payés (la corporation qui fabrique les examens de prof est riche à million, vu le prix qu'on paye pour passer l'examen ça m'étonne pas). Fort heureusement que la chambre était cool parce-que figurez-vous que j'ai passé deux jours sur trois au pieu, haha heureusement il y avait une machine à café avec dosettes dans la chambre et une grande télé au mur qui pivotait (la télé, pas le mur) -- oui je dis ça comme si c'était un exploit intersidéral mais pour ceux qui ne le savent pas, Mr-mon-Mari et moi n'avons pas de téléviseur. Mr-mon-Mari est contre la société de surconsommation et il a grandi sans le câble donc il ne regardait rien (car sur les chaînes "normales", il n'y a rien qui vaille la peine) et moi, la première année où je suis arrivée ici je ne regardais pas la télé non plus (bien que j'en avais une), donc on a décidé de continuer comme ça. On a un abonnement à un truc de location de dvd qu'on reçoit par courrier et éventuellement dans le futur on achètera surement un écran et un lecteur dvd (parce-que c'est quand même parfois bien relou de regarder tout sur le petit ordi) mais la majorité du temps on est assez fiers de ne pas avoir de télé (on lit beaucoup) et on pense que c'est bon pour le couple en général. Bien entendu, ce n'est qu'un avis personnel qui nous appartient et vous avez tout à fait le droit de penser qu'on est louches! En gros, on aime regarder des films et de bonnes séries, mais sans les pubs de 20 minutes pour des antidépresseurs et toute autre fange qu'on trouve sur les chaînes américaines, et pour les infos on préfère lire la presse, même si ça m'arrive de regarder le JT de 20h sur France2.fr!

Pour en revenir au sujet du blog, pendant notre weekend à Princeton je n'ai donc pas travaillé, et avant ça j'ai eu des postes "normaux" et cette fameuse classe de maternelle. A notre retour dans le Maryland, il a bien fallu revenir à la réalité et retourner au boulot, triple snif. J'ai manqué plusieurs jours pour cause de fin de rhume surpuissant/mal de tête de dix jours/rendez-vous chez le dentiste mais ensuite j'ai retrouvé mes collégiens adorés. On m'a appelée pour faire un remplacement à l'école de Mr-mon-Mari, là où j'ai fait mon année de stage. Cette école, c'est la maison pour moi, je connais quasi tout le monde et je m'y sens terriblement bien. Je remplaçais une prof de ESOL (English for Speakers of Other Languages), qui est donc la classe d'anglais pour les enfants qui ont une autre langue maternelle. Comme les autres classes de langues, il y a plusieurs niveaux et les enfants ne sont pas placés par âge, mais par abilité. Les enfants de niveau 1 (souvent de tout nouveaux immigrants qui n'ont un anglais que rudimentaire) passent la journée en classe d'ESOL, et ce jusqu'à ce qu'ils soient prêts à intégrer les cours classiques. Ce jour-là, j'ai eu des grands débutants d'abord, puis une classe d'élèves assez avancés. Pour vous donner une idée de la population représentée, il y a une écrasante majorité d'élèves hispanophones mais j'avais aussi deux élèves arabophones, un français de Lyon, un chinois, un perse, une russe, une francophone du Cameroun qui avait vécu 9 ans à Paris, plusieurs élèves qui parlent différents dialectes d'Afrique, bref une bonne variété. Je vous le dis direct, j'ai A-DO-RE. Si y'avait un truc que je devais faire autre qu'enseigner le français, ça serait réellement enseigner ESOL. J'y ai pensé d'ailleurs pas mal après mon poste, parce-que les demandes sont en constante augmentation, alors que personne ne veut embaucher des enseignants du français (et surtout pas dans le Maryland, où le français est peu à peu éliminé au profit du chinois).
Evidemment, mes hispanophones trouvent toutes les occasions possibles de parler espagnol, et en profitent vu que je ne comprends pas un mot (sauf quelques insultes du style "stupido", "puta" et des trucs qui commencent avec "tu madré"...) alors il faut beaucoup batailler. Pareil avec ceux qui ont la glande et qui prétendent qu'ils ne comprennent pas, alors que je sais bien qu'ils savent ce que je veux qu'ils fassent. J'ai essayé de leur montrer l'exemple avec le gamin de Lyon, à qui j'ai refusé de parler français, mais on sent que c'est difficile pour eux de ne pas se raccrocher à leur langue commune, surtout pour les débutants, qui deviennent rapidement frustrés de ne pouvoir s'exprimer.

Je suis revenue vendredi dernier pour l'autre prof d'ESOL (j'en avais profité pour faire un tour dans sa classe durant mon précédent poste) et là j'avais des élèves encore plus avancés, mais qui ont encore des difficultés au niveau de l'écriture. C'était assez fun et ils ont bien travaillé. Ils sont hyper respectueux des profs en général, toujours à utiliser des formes de politesse et tout ça -- il faut dire qu'on ne leur apprend pas l'anglais des ghettos! -- et ils ont bien aimé que je leur raconte que moi non plus je n'ai pas grandi en parlant anglais, et que j'avais du mal avec telle ou telle règle de grammaire, etc.

J'ai aussi profité de ma présence dans cette école pour aller dire bonjour un peu partout, revoir mes anciens 6èmes qui sont maintenant en dernière année et qui vont aller au lycée l'an prochain. Je les ai appelés "mes bébés" et ça les a fait rire, mais en vrai j'arrive pas à croire qu'ils ont tant grandi, ils m'ont parlé français avec de vraies phrases, j'étais émue! Quelques uns sont partis du programme, notamment une de mes élèves adorée que j'aurais tant voulu revoir mais dont la famille est (re)partie vivre aux Emirats Arabes Unis, une vraie tête cette petite avec un papa grand chirurgien qui a travaillé à Johns Hopkins... J'ai eu l'assurance de mon collègue qu'elle avait été en tête de classe jusqu'à son départ, donc ouf je peux dormir tranquille!

Après ça, je suis allée plusieurs fois à l'autre collège que j'aime beaucoup (là où Mr-mon-Mari était au collège) et pour ceux que ça intéressent, j'ai revu mon élève qui n'était pas passé loin de l'électrocution! Bah, il va très bien! Je lui ai dit cependant "J., tu restes LOIN de la prise aujourd'hui, Ok?". On ne sait jamais!

mardi 8 novembre 2011

Pourquoi j'ai fini ma journée à l'hosto

D'abord, je tiens à vous rassurer et à enrayer les rumeurs :
1. Non, je ne suis pas enceinte (on a vérifié, à croire que les toubibs pensent que je mens!).
J'ai prévu d'attendre encore pas mal d'années, je n'ai aucune envie d'avoir un bébé maintenant ni dans un futur proche, et ni Mr-mon-Mari. Nous avons d'autres projets en priorité, et notamment l'intention tous les deux de retourner à la fac pour un Master (chacun son tour, je vous laisse faire l'addition des années), de faire le tour du monde en un an, d'acheter une baraque, de vivre au moins un an an France, bref vous avez dix ans devant vous avant de vous demander si j'ai grossi du bidou ou si c'est mes fringues qui sont mal coupées.

2. Mon élève ne s'est pas pris de coup de jus.
C'est le truc décoratif qui se trouve autour de la prise, qui est en métal, qui a tout pris car il n'a pas mis la trombone dedans, il l'a simplement glissée le long du mur et le frottement métal contre métal nous a fait des chocapic (encore une fois!) et a un poil fondu.
Je ne savais pas le truc du coeur, et s'il était tombé au sol suite au choc (et non s'était jeté lui-même pour se cacher de sa bêtise) j'aurais appelé le 911. Sinon, ici on est sur du 110v donc je sais pas, en même temps c'était pas dans ma formation de remplaçante que de devoir empêcher l'accès aux prises de courant. Je le saurai pour la prochaine fois, je l'attacherai à sa chaise avec du gros ruban adhésif.

3. Si mon élève avait trépassé, vous pensez bien que je ne serais pas en train de vous écrire : y'a pas le wifi derrière les barreaux, voyons!


J'étais donc en collège hier toute la journée et tout s'est bien passé sauf que j'étais toute tordue sur ma chaise, j'arrivais pas à trouver une position dans laquelle j'avais pas mal. Je vous rassure encore, aucun élève ne m'a attaquée, bien que j'aie l'impression d'avoir été plaquée au rugby.
J'explique : la semaine dernière, jeudi nuit pour être exacte, je me suis réveillée avec d'atroces douleurs de ventre et ça m'a pris des heures à passer, heures pendant lesquelles j'ai fait à peu près toutes les positions possibles du Grand Livre du Yoga pour tenter de me soulager. Un bout de gingembre frais en sera venu à bout vers 2 heures du matin, Amen.
Seulement, depuis là, je me trainais un mal indescriptible aux côtes gauches, et sous les côtes aussi, avec l'impression d'un Alien y grandissant. Y'a quand même un moment où je me suis dit qu'avoir mal comme ça pendant 4 jours, c'était surement pas normal. Bon, j'appelle l'infirmière conseil de notre assurance (alors ça, faut que je vous en parle, c'est trop net : on appelle l'infirmière, à qui on raconte nos déboires, puis elle va causer avec le doc de garde, et lui il décide si on doit venir tussuite tussuite, si il nous envoie aux urgences, ou bien si on peut attendre le lendemain pour avoir un rendez-vous) et elle a dit "je vous envoie au service d'urgence de votre centre de soin habituel".
A mon arrivée, talonnée de Mr-mon-Mari, j'ai été vue par un médecin, et si elle avait une idée de ce que ça pouvait bien être, elle n'a rien mentionné. Moi, stressée, je la voyais déjà m'annoncer qu'il me fallait une ablation de la rate ou que je souffrais d'une maladie en phase terminale, bref l'état dans lequel je me mets habituellement quant aux histoires de santé. Tout paraissant normal à l'examen (sauf la douleur, bien entendu), on m'envoie:
- faire des radios
- faire des tests sanguins
- faire pipi dans un bocal
pendant que Mr-mon-Mari me suit de salle d'attente en salle d'attente, portant mes affaires et regardant la chaîne Food Network. Je sais pas vous, mais je trouve ça fin cruel d'imposer des chaînes qui montrent de la bouffe dans un hosto, surtout quand la femme devant moi a gerbasse. Deux fois. De plus, à l'heure qu'il était, Mr-mon-Mari était évidemment victime d'un affamement intense et insoutenable, imaginez-le en train de mater Paula Deen avec le ventre qui grouille, pauvre créature! 


Quand mes résultats sont arrivés -- pas de fracture ni fêlure, tests sanguins normaux donc je subodore que ma rate va bien, et mes reins fonctionnent normalement -- le doc m'a reprise pour me faire part du diagnostique : je souffre d'une costochondritis.
Kèssessé??? Une inflammation d'une ou plusieurs côtes.
La cause est souvent inconnue, si ce n'est que dans mon cas, ça a probablement été provoqué par moi-même en me tordant comme un vers durant ma nuit de crampes. Ca peut durer quelques jours à des mois (nom d'un chien sans poil!) et y'a pas grand chose à faire à part manger de l'ibuprofen. Y'a même des gens chez qui ça fait des sensations de crise cardiaque tellement c'est fort et ça irradie (j'avais mal au dos, et le radiologue a suggéré que peut-être ça viendrait en fait de mes multiples problèmes de dos). Je suis repartie avec un papier qui prouve qu'on m'a fait des tests (des fois que!) et une notice qui explique ce qu'est la costochondrite. En attendant, j'essaye de pas trop rire mais comme j'ai encore le rhume, rapport à mes élèves de maternelle, j'éternue et je vous assure que c'est pas plaisant.



Une petite note à mes lecteurs : évitez si possible à l'avenir d'utiliser le mot "enceinte" car vous faites fantasmer mes parents, qui ne rêvent que d'une chose, être Mamie et Papy Gâteaux de ravissants petits bilingues!

lundi 7 novembre 2011

L'éclair (mais pas de lucidité)

Bah râlez pas hein, je sais j'ai pas eu trop de temps la semaine dernière mais si je vous dis que j'ai passé mon aprèm' à l'hosto?! Bon. Commençons par le commencement.

Dernièrement j'ai eu des postes sans trop de problèmes, avec des classes dans lesquelles y'a une bonne ambiance et une dynamique bien sympa, même que parfois quelques élèves restent 5 minutes à la fin de la journée pour tailler le bout d'gras. En collège, l'ancien collège de Mr-mon-Mari (là où il était élève), ça se passe toujours plutôt bien et ils m'ont mis sur leur liste de remplaçants préférés, donc je reçois les offres en priorité (ce qui est bien car tout le monde veut évidemment les remplacements dans les établissements qui craignent pas). Que ma journée soit sans heurts, c'est déjà beaucoup, mais si en plus j'arrive à me marrer un peu avec une classe, c'est carrément le paradis!
La semaine dernière, je suis aussi allée faire un remplacement en maternelle (en trainant les pieds...) et donc évidemment je me re-paye un mal de gorge. Merci les mioches de tousser à l'avenir loin de moi.

L'histoire que je veux vous raconter date de jeudi. J'étais en effet dans le fameux collège qui est bien et je remplaçais une prof d'anglais de 7th grade. Mes classes se déroulent sans incident, on se fend la gueule un peu avec quelques élèves qui ont bien envie de glander et qui essayent de trouver des stratagèmes sauf que je ne suis pas dupe, vous voyez le genre. La première heure, quand la cloche sonne et qu'ils prennent leur temps, je fais de grands gestes et je leur dis de fiche le camp parce-qu'ils ont été bien bavards et que ma santé mentale a besoin d'une pause de trois minutes dans le silence, ça les fait marrer. Ma deuxième heure, une araignée en mou (un peu comme les trucs qu'on malaxe quand on est stressé) rose atterrit au plafond et y reste collée, jusqu'à ce qu'elle finisse par tomber toute seule sur la tête d'une élève, on se fend tous du genou.
Arrivée à la fin de la journée, tandis que la majorité des élèves sont partis mais que certains attendent encore leurs bus en causant avec moi de pourquoi si on est pas américain on peut pas comprendre les règles du baseball et de pourquoi au football américain quand un gars a la balle y'a tous les autres qui lui sautent dessus comme des maboules, on voit un éclair. Pas par la fenêtre, non, mais bel et bien dans la salle de classe. On se retourne, on cherche ce qui a bien pu se passer, et là on découvre un élève au sol.
Vivant, l'élève, je vous rassure.
Il est juste un poil prostré parce-qu'il se dit "tiens, je viens de faire une connerie". Cet élève, un petit blondinet à l'air tout à fait innocent, avait déplié une trombone et s'amusait à la passer le long des murs quand celle-ci a fini par rencontrer la prise électrique. D'où l'éclair. La trombone a cramé aux extrémités (il m'a affirmé qu'il ne l'avait pas mise DANS la prise), je l'ai ramassée du sol (il l'a jetée, de peur de se faire attraper avec l'arme du crime!) après avoir vérifié que mon élève n'était pas électrocuté. Je lui ai demandé s'il avait ressenti une décharge, et il ne savait pas trop si oui ou non (pourtant on penserait que y'a une différence conséquente entre les deux, hein!) alors je lui ai dit que vu que ses cheveux n'avaient tournés ni bouclés ni statiques, il allait bien. Ça a fait se poiler les trois ou quatre élèves qu'il restait (sans compter moi qui avait du mal à garder mon sérieux), mais lui, il s'est mis à pleurer. Genre pleurer pour de vrai, et sans pouvoir s'arrêter. La peur du renvoi, apparemment. Je suis allée voir à la prise électrique, c'était un peu cramé autour mais rien de bien méchant. On a vérifié que les plombs n'avaient pas sauté, tout était impec', et je lui ai promis qu'il n'allait pas avoir d'ennuis. Quand ce petit Einstein s'est enfin ressaisi, il a pu rentrer chez lui, et j'ai souri en déposant l'arme du crime sur le bureau. Je me demande encore ce qui a bien pu lui passer par la tête (en lui posant la question, j'avoue qu'à travers les larmes j'ai pas compris un mot).
J'aurai dû garder la trombone, ça m'aurait fait un souvenir!

Demain je vous dis pourquoi j'étais à l'hosto, héhé!